Le cannabis médical change positivement la vie des patients – Mado Gilanton – Apaiser S&C

ParlonsCanna
Bienvenue sur Parlons Canna ! Aujourd’hui, nous avons l’honneur d’accueillir Madame Gilanton Mado, présidente de l’association Apaiser, pour discuter d’un sujet crucial : le cannabis médical en France. Au cours de cette interview, nous explorerons les motivations derrière l’utilisation médicale du cannabis, le rôle essentiel d’Apaiser dans ce domaine, ainsi qu’un bilan approfondi des trois dernières années d’expérimentation en France.
De plus, nous examinerons les développements actuels à l’Assemblée nationale et à la Direction Générale de la Santé en ce mois d’octobre, avant de conclure en abordant les objections des détracteurs du cannabis médical. Prêts à plonger dans ce sujet complexe et important ? C’est parti !
Gilanton Mado et l’Association Apaiser
Madame Gilanton Mado, présidente de l’association Apaiser, est notre invitée aujourd’hui. Apaiser se consacre aux patients souffrant de deux affections délicates : la SYRINGOMYÉLIE et le CHIARI, toutes deux liées à des problèmes de la moelle épinière et du cervelet. Ces maladies engendrent des douleurs neuropathiques extrêmement sévères, qui résistent généralement à la plupart des traitements, ainsi que des spasticités sévères, caractérisées par des crampes corporelles extrêmement douloureuses. Madame Mado occupe également une place importante au sein du comité temporaire de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui supervise l’expérimentation du cannabis médical en France.
Représentation des patients dans les comités
Madame Mado est impliquée dans les comités du cannabis depuis près de cinq ans, où elle représente en particulier les patients atteints de maladies rares. De nombreuses pathologies rares engendrent des symptômes qui entrent dans le cadre de cette expérimentation, notamment les douleurs neuropathiques, les spasticités douloureuses liées aux maladies médullaires, les épilepsies pharmaco-résistantes associées à des maladies rares, les cancers rares, ainsi que les soins palliatifs en fin de vie. L’Alliance maladies rares, dont elle est la représentante, est fortement engagée dans cette cause.
Le rôle d’Apaiser et son agrément par le ministère de la Santé
Apaiser n’est pas une association récente dans ce domaine, puisqu’elle est agréée par le ministère de la Santé depuis 2007. Avec plus de deux décennies d’existence, elle a développé des réseaux de représentants des usagers dans les hôpitaux et mène de nombreuses actions d’information et d’aide. L’association collabore étroitement avec les centres de référence et les filières de maladies rares pour sensibiliser le public à ces pathologies, fournir un soutien et des informations aux patients, et soutenir la recherche dans le domaine des maladies rares. L’engagement d’Apaiser en faveur du cannabis médical s’inscrit dans la continuité de ses efforts pour la reconnaissance des pathologies rares.
Les origines du cannabis médical : Une lueur d’espoir pour les patients en souffrance
Gilanton Mado nous plonge au cœur de l’origine de l’engagement pour le cannabis médical dans le traitement de la SYRINGOMYÉLIE et du CHIARI. Ces maladies génèrent des douleurs neuropathiques et des spasticités sévères, résistantes à la plupart des traitements. Pour les patients, l’arrivée du Sativex, un médicament déjà autorisé aux États-Unis et en Europe pour des symptômes proches de ceux de ces affections, a été un espoir. Cependant, en France, le Sativex n’a jamais été mis à disposition en raison de son coût.

La douleur neuropathique : Un combat quotidien
Madame Mado nous offre un éclairage poignant sur la douleur neuropathique, la comparant à sauter dans un champ d’orties pour ensuite se heurter à une barrière barbelée électrifiée. Ces douleurs, souvent paroxystiques, sont difficiles à imaginer pour ceux qui ne les vivent pas au quotidien. Les patients se retrouvent souvent dans un état de souffrance constant, parfois jusqu’au point de l’auto-destructivité. La découverte du soulagement que le cannabis pouvait apporter a été un tournant majeur.
Du doute à la découverte : L’expérience personnelle de Mado
Madame Mado, initialement très sceptique à propos du cannabis, a découvert son efficacité de manière inattendue. Sous l’influence de l’entourage médical, elle a essayé le cannabis, d’abord par inhalation, puis en cherchant des méthodes alternatives pour l’ingérer sans fumer. Ses préparations à base de cannabis ont non seulement réduit ses douleurs, mais elles ont également apporté des semaines de soulagement après chaque utilisation. Ce soulagement, malheureusement, n’était pas accessible à tous. Les patients plus âgés ou ceux qui n’avaient pas les moyens de s’approvisionner étaient laissés pour compte.
L’engagement pour une cause juste
Face à cette injustice, Madame Mado et son association ont entrepris de sensibiliser le comité de bioéthique sur le manque d’accès au cannabis médical. Suite à leurs efforts, un comité a été créé, composé de professionnels de la santé et de divers experts. Ce comité a examiné les preuves et les témoignages, concluant que le cannabis médical avait des applications pertinentes pour certains patients, offrant des résultats modestes mais réels.
L’expérimentation du cannabis médical en France : Une avancée longuement attendue
En décembre 2018, suite aux recommandations du comité d’experts, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert pour lancer une expérimentation visant à explorer l’utilisation du cannabis médical en France. Cette décision cruciale a été précédée par des revues de littérature approfondies et des auditions de sociétés savantes, garantissant que l’efficacité du médicament n’était pas remise en question.
Les indications retenues : Un choix réfléchi
Parmi les indications retenues figuraient les douleurs neuropathiques sévères résistantes à tout traitement, les symptômes de la sclérose en plaques, les soins de support en oncologie, les soins palliatifs en fin de vie et les épilepsies pharmaco résistantes. Notons qu’il y a eu des indications, comme Parkinson, qui n’ont pas été retenues à ce stade. Ce choix était basé sur des données scientifiques solides et a été ratifié par des experts médicaux.
Le lancement de l’expérimentation : Un processus complex
Le processus d’expérimentation, prévu pour durer deux ans, a débuté officiellement le 26 mars 2021, bien qu’il ait été retardé en raison de la crise sanitaire liée à la COVID-19. Les médecins volontaires qui ont participé à cette initiative ont suivi une formation spécifique pour garantir des prescriptions et des distributions sécurisées. L’expérimentation a été conçue pour inclure jusqu’à 3000 patients, grâce à des produits fournis gratuitement par des laboratoires.
Un engagement fort des associations de patients
L’implication active des associations de patients a été cruciale dans la définition des contours de cette expérimentation. Ces groupes ont plaidé pour un nombre important de patients, assurant ainsi une représentation significative de la diversité des cas cliniques. Cet engagement a non seulement contribué à l’élaboration du plan d’expérimentation mais a également jeté les bases d’un processus inclusif et équitable pour les patients en attente de soulagement.
Les défis et les réussites de l’expérimentation du cannabis médical en France
L’expérimentation du cannabis médical en France, bien que porteuse d’espoir pour de nombreux patients, n’a pas été exempte de défis significatifs. L’enveloppe budgétaire nécessaire pour soutenir ce projet novateur n’était pas initialement prévue dans le cadre du Plan de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). Cependant, grâce à une collaboration entre l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et les fabricants de médicaments, les produits ont été fournis gratuitement, bien que soumis à des contraintes pharmaceutiques strictes.
Défis de l’expérimentation : Temps, formation et logistique
Un des principaux défis rencontrés était lié au temps investi par les médecins. L’expérimentation exigeait une implication importante, avec des consultations fréquentes (tous les 28 jours) pour chaque patient inclus. De plus, les médecins devaient remplir un registre détaillé et rester vigilants quant à toute dérive dans l’utilisation du médicament.
Les médecins généralistes, acteurs clés dans le suivi à long terme des patients, ont été hésitants à participer. Le manque de temps, les consultations prolongées et le manque d’incitations financières appropriées ont freiné leur engagement. La nécessité de maintenir une formation constante et de remplir des registres a également été perçue comme une charge supplémentaire.

Réussites et observations cliniques
Malgré ces défis, l’expérimentation a montré des résultats positifs. Selon le rapport tardif produit, 68 % des patients inclus ont trouvé un bénéfice à la prescription et sont restés dans l’expérimentation. Cela a été particulièrement notable chez les patients atteints de douleurs neuropathiques sévères et dans le contexte des soins palliatifs en fin de vie. Les témoignages des patients ont souligné des améliorations significatives de leur qualité de vie, leur permettant parfois de reprendre le travail et de restaurer leurs liens sociaux et familiaux.
Perspectives futures
Face à ces résultats prometteurs, il a été décidé de prolonger l’expérimentation d’une année supplémentaire malgré les obstacles rencontrés. Cela permettra de recueillir des données supplémentaires et d’évaluer plus en profondeur l’impact du cannabis médical sur un éventail de patients diversifié.
Perceptions et réticences des médecins généralistes : Un regard sur l’expérimentation
Les réticences des médecins généralistes à participer à l’expérimentation du cannabis médical en France étaient multifactorielles. D’une part, certains médecins n’avaient pas suffisamment de patients correspondant aux critères de l’expérimentation dans leur clientèle, ce qui limitait leur participation.
D’autre part, il y avait un certain niveau de méfiance et peut-être de frustration parmi les médecins généralistes. Certains se sentaient contraints par le manque de temps, un élément crucial dans leur pratique quotidienne. La charge de travail déjà élevée des médecins généralistes les empêchait de s’engager pleinement dans cette expérimentation qui demandait des consultations fréquentes et prolongées, tous les 28 jours, pour chaque patient inclus.
De plus, il y avait une certaine réticence chez certains patients à parler à leur médecin généraliste du cannabis médical, peut-être par crainte du jugement ou du rejet. Cela a contribué au faible nombre de patients inscrits chez les médecins généralistes.
Cependant, malgré ces défis, il y a eu un engagement remarquable de la part des pharmaciens. Tous se sont portés volontaires, démontrant leur volonté de soutenir les patients dans leur accès au traitement.
Absence de mésusage et réponses aux critiques
Il est essentiel de noter que, malgré les craintes initiales, il n’y a eu aucun cas de mésusage signalé pendant l’expérimentation. Les patients participant à l’expérimentation ont montré un comportement responsable dans l’utilisation du cannabis médical, écartant ainsi les inquiétudes concernant un éventuel abus ou laisser-aller dans la manipulation de ce médicament.
Les critiques concernant la sécurité, notamment le risque pour les enfants d’accéder au médicament, ont été anticipées et gérées de manière proactive. Les patients qui nécessitaient une assistance pour la manipulation du médicament, tels que les personnes âgées ou les personnes atteintes d’épilepsie pharmaco-résistante, étaient pris en charge par des aidants ou des professionnels de la santé, évitant ainsi tout risque de mésusage accidentel.
Dans l’ensemble, bien que l’expérimentation ait rencontré des obstacles significatifs, elle a également permis de démontrer que les patients traités avec du cannabis médical pouvaient le faire de manière responsable, sans entraîner de problèmes de mésusage. Ces résultats ont des implications importantes pour l’avenir de l’accès au cannabis médical en France et peuvent contribuer à apaiser certaines des inquiétudes initiales concernant sa prescription et son utilisation.
Le rôle crucial des pharmaciens et les enseignements tirés
L’expérimentation du cannabis médical en France a été un processus complexe, illustrant à la fois les défis et les opportunités qui accompagnent l’introduction d’une nouvelle classe de médicaments dans un système de santé.
Malgré les défis liés à la participation limitée des médecins généralistes, l’engagement des pharmaciens a été un point positif. Leur implication active et leur volonté de soutenir les patients ont contribué de manière significative à la réussite de l’expérimentation. Cette collaboration entre les professionnels de la santé est cruciale pour garantir un accès efficace et sûr au cannabis médical.
Le besoin d’éducation et de sensibilisation continues
Une des leçons essentielles tirées de cette expérience est l’importance de l’éducation continue. Les médecins généralistes, ainsi que le grand public, doivent être informés de manière approfondie sur le cannabis médical, ses applications cliniques, et son utilisation responsable. Des campagnes de sensibilisation ciblées peuvent contribuer à dissiper les mythes et à accroître la compréhension de cette thérapie.
La nécessité d’une approche équilibrée
Enfin, l’expérimentation du cannabis médical en France a montré que trouver un équilibre entre l’accessibilité des patients à des traitements efficaces et la garantie de leur sécurité est un défi complexe mais essentiel. La régulation et l’évaluation continues sont cruciales pour ajuster les protocoles et les exigences de manière à garantir que les patients puissent bénéficier pleinement du cannabis médical tout en minimisant les risques potentiels.
Évolution des mentalités et persistance du tabou
Le tabou entourant le cannabis médical persiste en France malgré les avancées de l’expérimentation. Les patients réticents à partager leur expérience par crainte de stigmatisation et les réticences dans le milieu professionnel témoignent de la persistance de ce tabou. Comparativement, des médicaments potentiellement plus dangereux, comme le Tramadol, suscitent moins de honte et de résistance.

Ruptures de traitement et impact sur les patients
La rupture de traitement due à l’arrêt des approvisionnements gratuits par les industriels a eu un impact dévastateur sur les patients. Certains ont été contraints de retourner aux opiacés, tandis que d’autres se sont retrouvés dans un état de désespoir. Cette situation a mis en évidence l’importance d’une gestion adéquate des approvisionnements pour assurer un traitement continu et stable pour les patients dépendants du cannabis médical.
Différences entre huile et fleur dans l’expérimentation
L’utilisation de l’huile de cannabis médical prédomine dans l’expérimentation en raison de sa praticité et de sa facilité d’utilisation, surtout pour les effets à long terme. La fleur de cannabis, utilisée dans des vaporisateurs pour des effets plus rapides, a été moins fréquemment prescrite en raison de sa manipulation complexe, particulièrement pour les patients ayant des problèmes de dextérité.
Financement et approvisionnement des médicaments
Le financement des médicaments utilisés dans l’expérimentation du cannabis médical en France provenait principalement des fonds propres de l’industriel impliqué. Ce n’était pas les grands laboratoires internationaux qui ont fourni la majeure partie des médicaments, mais plutôt un petit laboratoire. Ce dernier importait la matière première d’Australie et effectuait la mise en flacon en France. Initialement, le ministère avait proposé un montant dérisoire pour couvrir les frais de fabrication, ce qui a conduit à des négociations pour trouver un compromis raisonnable sans entraîner de bénéfices pour l’entreprise.
Méfiance et appréhension des patients et des médecins
Malgré la reprise de l’approvisionnement des médicaments, une grande méfiance persiste parmi les patients et les médecins, en particulier dans le traitement de l’épilepsie pharmaco-résistante. Certains patients qui étaient stabilisés ont dû changer de traitement, ce qui suscite des inquiétudes par rapport à la stabilité de leur condition. La peur de la rupture de traitement, c’est-à-dire de perdre un traitement efficace, est particulièrement préoccupante. Certains patients, en particulier ceux souffrant de douleurs neuropathiques, dépendent fortement du cannabis médical et ont du mal à retrouver une stabilité après une interruption du traitement.
Perspectives futures et attentes
La fin de la troisième année de l’expérimentation a été marquée par des efforts pour impliquer davantage les médecins généralistes. Un nouveau rapport a été produit, bien que les détails de ce rapport ne soient pas encore disponibles. L’attente autour de ce rapport est positive, ce qui laisse supposer que les résultats sont probablement encourageants.
Rapports et statut du cannabis médical
Le rapport sur l’expérimentation du cannabis médical en France est réalisé par des organismes indépendants. Un organisme indépendant, analyse les registres de l’expérimentation. Une autre organisation, Viavoice, mène des enquêtes auprès des patients, combinant des approches quantitatives et qualitatives, y compris des entretiens. Le gouvernement compile ces rapports pour former son propre rapport. Les résultats de ces rapports sont généralement positifs, comme indiqué par le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau.
Statut actuel et perspectives futures
Pour l’instant, il semble qu’un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 soit envisagé pour garantir que les patients actuels de l’expérimentation continuent de recevoir leur traitement jusqu’à ce que le cannabis médical soit intégré dans le droit commun. Cependant, cela ne permettrait pas l’inclusion de nouveaux patients dans l’expérimentation.
Inquiétudes et attentes concernant le statut ad hoc
Il y a des inquiétudes quant au statut futur du cannabis médical en France. Les acteurs de l’expérimentation souhaitent que le cannabis médical soit prescrit en primo prescription à l’hôpital, renouvelable par les médecins généralistes pour les patients dans les indications spécifiques, tels que les centres de la douleur, les centres de sclérose en plaques, les centres de référence des maladies rares, les services de soins palliatifs et d’oncologie. Il est également souligné que la distribution du médicament doit être simplifiée et ne pas imposer des contraintes administratives excessives, garantissant ainsi l’égalité d’accès aux soins sur l’ensemble du territoire français.
Autorisation Temporaire d’Usage (ATU) et préoccupations concernant l’accès au cannabis médical
L’Autorisation Temporaire d’Usage (ATU) est une procédure complexe et lourde où le médecin doit faire une demande qui passe par plusieurs instances, y compris l’industriel qui produit le médicament. Cependant, l’obtention de l’ATU est rare, et de nombreux médecins peuvent hésiter à la demander en raison de la probabilité élevée de refus. Les médecins et les patients sont souvent découragés par les complications administratives et le faible taux de succès dans l’obtention de l’ATU.
Problèmes potentiels liés au nouveau statut ad hoc
Il y a des préoccupations concernant l’introduction d’un statut ad hoc pour le cannabis médical en France. Si le processus devient trop complexe ou restrictif, il pourrait entraîner une discrimination et un accès inégal au traitement. Les membres de l’association craignent que les patients ne puissent pas obtenir le traitement dont ils ont besoin en raison de barrières administratives, même si le cannabis médical est intégré dans le droit commun.
Attentes de simplification et d’égalité d’accès aux soins
Les membres de l’association et les patients espèrent que le gouvernement comprendra les besoins des patients et s’efforcera de simplifier le processus d’accès au cannabis médical. Ils veulent garantir que tous les patients éligibles puissent recevoir le traitement dont ils ont besoin, sans discrimination ou complications administratives excessives.
La politisation du débat sur le cannabis médical
Mado souligne que le débat sur le cannabis médical est souvent politisé, et il englobe des aspects idéologiques, géopolitiques, de santé, et parfois fiscaux. Malgré cela, le cannabis médical est un sujet médical auquel les médecins et les patients devraient avoir accès sans être entravés par des considérations politiques ou idéologiques.
Paresse intellectuelle et méconnaissance du dossier
Mado exprime des inquiétudes quant à la paresse intellectuelle et à la méconnaissance du dossier concernant le cannabis médical. Elle suggère que de nombreux responsables politiques n’ont pas pris la peine de lire les rapports et ne comprennent pas pleinement la situation. Il est possible que des préjugés ou des idées préconçues influencent la prise de décision sans une évaluation objective des preuves et des rapports existants.
Position de l’ANSM, de la DGS et de la HAS
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est en faveur du cannabis médical. De même, la Direction Générale de la Santé (DGS) a évolué vers une position favorable, reconnaissant l’importance du sujet. En revanche, la Haute Autorité de Santé (HAS) n’a pas encore pris de position claire, car elle n’est pas directement impliquée dans la définition du statut du cannabis médical en France.
Mado suggère également que certaines académies médicales en France conservent une position négative sur le cannabis médical, en partie en raison de médecins influents qui ont eu une influence historique sur le sujet. Cependant, la nouvelle génération de professionnels de la santé est plus ouverte à la discussion sur le cannabis médical.
Méconnaissance du dossier médical et préjugés
Mado souligne que certains médecins, en particulier ceux qui sont opposés au cannabis médical, n’ont pas compris la réalité de leurs patients. Il arrive que les patients n’informent pas leurs médecins de l’utilisation du cannabis médical par peur de la réaction de ces derniers. Cette situation est dangereuse, car les médecins doivent être informés de tous les traitements de leurs patients pour éviter d’éventuelles interférences médicamenteuses.
De plus, Mado affirme que de nombreux médecins traitants sont compétents et responsables pour renouveler des traitements en primaire, notamment lorsqu’ils sont mis en place à l’hôpital. Elle souligne que les médecins généralistes peuvent gérer les prescriptions de cannabis médical de manière similaire à d’autres médicaments délivrés sur ordonnance.

Rôle des pharmaciens et garantie de prescription
Elle met en avant le rôle essentiel des pharmaciens en tant que garants de la prescription médicale. Les pharmaciens sont en mesure de repérer les éventuelles dérives et d’assurer la sécurité des patients en surveillant attentivement les prescriptions.
Mado aborde également la question de la réalité du cannabis médical, précisant qu’il ne s’agit pas d’un remède miracle et qu’il est destiné à des indications spécifiques. Les patients, les sociétés savantes et les associations de patients continuent d’informer le Comité de l’Agence du Médicament sur les utilisations potentielles du cannabis médical en France, en se basant sur les expériences dans d’autres pays, notamment en Israël et au Canada.
Elle rejette également l’idée que le cannabis médical puisse être utilisé comme un cheval de Troie pour la légalisation du cannabis récréatif, soulignant que ce sont des sujets distincts.
Mado conclut en soulignant que la transformation du cannabis médical en une substance récréative serait difficile en raison de la nature médicinale de l’huile et des effets indésirables qu’elle peut entraîner si elle est utilisée à des fins récréatives.
Cannabis thérapeutique : Comparaisons et détracteurs
Mado souligne que le cannabis thérapeutique n’est pas comparé à l’usage récréatif aux États-Unis, où les individus peuvent choisir parmi une variété de fleurs dans des dispensaires. Au contraire, le cannabis médical en France se présente principalement sous forme d’huile, et il est prescrit sous contrôle médical, ce qui limite grandement les risques d’abus.
Elle évoque également le retard de la France en matière de législation sur le cannabis médical par rapport à d’autres pays européens, où cette alternative est déjà couramment utilisée.
Réponses aux détracteurs et préjugés
Mado explique comment répondre aux principaux arguments des détracteurs du cannabis médical :
Dérive des prescriptions :
Mado insiste sur le fait que les prescriptions de cannabis médical sont réalisées par des médecins compétents et responsables à l’hôpital, avec un suivi attentif. Elle rappelle qu’il est difficile de l’utiliser à des fins récréatives en raison des effets indésirables graves qui se produiraient bien avant tout effet de type récréatif.
Pas d’études cliniques solides :
Bien que des études cliniques puissent être limitées, Mado insiste sur le fait que les résultats de l’expérimentation actuelle montrent des améliorations cliniques pour de nombreux patients. Les patients malades se soucient moins de la comparaison avec un placebo et sont davantage préoccupés par le soulagement de leurs symptômes.
Risque de cheval de Troie pour le cannabis récréatif :
Mado rappelle que la poudre d’opium est prescrite sous diverses formes médicales en France, mais cela n’a pas conduit à la légalisation de l’opium à des fins récréatives. Elle soutient que le cannabis médical et le cannabis récréatif sont deux sujets distincts.
Elle souligne que les patients attendent avant tout un soulagement de leur douleur et de leurs symptômes, et pour certains d’entre eux, le cannabis médical peut fournir cette solution.
Enfin, Mado met en garde contre l’achat de produits dans la rue, maintenant que le ministre a reconnu les résultats positifs de l’expérimentation, encourageant les patients à continuer de respecter la prescription médicale et à éviter la consommation non contrôlée.
Conclusion : Le cannabis médical en France
Mado exprime son espoir malgré les défis. L’avancée vers la légalisation du cannabis médical en France a été complexe, avec des progrès entrecoupés de reculs. Les discussions sur son statut ad hoc créent des incertitudes, mais l’expérimentation a généré des données significatives.
Elle souligne l’ironie de la situation française : une expérimentation reconnue au niveau européen, mais dans un contexte global où le cannabis reste un sujet tabou. Le cannabis médical, soutenu par plus de 90 % de la population française, est bloqué parfois par un manque d’écoute politique.
Malgré ces défis, Mado et les patients restent optimistes mais vigilants, espérant que le nouveau ministre de la Santé comprendra la réalité de la douleur et de la spasticité des patients. La nécessité d’avancer dans ce domaine est cruciale, non seulement pour les patients actuels, mais aussi pour ceux qui souffriront à l’avenir.
Merci de nous avoir suivis jusqu’ici ! Nous espérons que cette entrevue vous a été informative. Rejoignez-nous pour de futurs épisodes passionnants et continuez à explorer le monde des sujets qui vous intéressent. À bientôt pour de nouvelles découvertes sur Parlons Canna !