Bernard Rappaz – Pionnier du chanvre Suisse

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Bienvenue dans ce podcast captivant sur le chanvre, une plante aux multiples facettes qui dépasse largement les stéréotypes. Aujourd’hui nous accueillons Bernard Rappaz, pionnier du chanvre Suisse. Préparez-vous à explorer les diverses dimensions du chanvre, de ses propriétés thérapeutiques à ses applications dans la construction, l’alimentation, les cosmétiques et bien plus encore. Découvrons ensemble les secrets et les opportunités que cette plante extraordinaire a à offrir. Attachez vos ceintures, car nous partons à la découverte d’un monde fascinant.
Pionnier du chanvre Suisse : Bernard Rappaz partage ses débuts
Dans le cadre d’une entrevue avec Bernard Rappaz, personnalité reconnue comme un pionnier du chanvre en Suisse, nous avons pu recueillir des récits fascinants de ses débuts dans ce domaine. Ses souvenirs remontent aux années 70, une période marquante où le voyage et la découverte ont ouvert la voie à une aventure unique.
Une aventure en autostop vers Amsterdam
Au cours de ces années, Bernard Rappaz s’est aventuré jusqu’à Amsterdam en autostop, accompagné d’un ami agriculteur du même village. À l’époque, les coffee-shops n’étaient pas encore des lieux d’achat, mais plutôt des espaces de consommation. L’animation régnait sur la Place du Dam, où des rassemblements de hippies créaient une atmosphère de célébration constante. C’est ici que l’achat était possible.
Une première expérience marquante
Bernard se rappelle avec une touche d’humour leur première expérience d’achat. Après avoir fait l’acquisition de quelque chose, ils ont tenté la consommation à l’hôtel. Avec une curiosité palpable, ils ont inhalé, en se demandant ce qu’ils allaient ressentir. Cependant, ils n’ont rien éprouvé. Cette expérience a enseigné à Bernard une leçon cruciale : pour ressentir les effets, il faut avoir l’esprit ouvert et être détendu. Cette expérience l’a amené à comprendre que les blocages mentaux peuvent inhiber les effets.
La clé : Un esprit ouvert et la détente
Le lendemain, ils ont décidé de réessayer, cette fois dans un état d’esprit plus détendu. La différence fut flagrante : ils ont été frappés par une expérience profonde de stone, confirmant que l’état d’esprit joue un rôle essentiel dans la réception des effets du chanvre. Cette constatation est devenue une pierre angulaire de l’approche de Bernard Rappaz envers le chanvre.
Les prémices d’une passion : La culture dès 1971
Fort de ces premières expériences, Bernard Rappaz a entamé son voyage dans le monde de la culture du chanvre dès 1971. Cette année marque le début de son parcours, où il a planté les graines de ce qui allait devenir une aventure fascinante et influente dans le domaine.
Choisir le terme “chanvre”
Bernard explique que pour lui, “cannabis” est avant tout le nom latin de la plante. Dans la vie quotidienne, il préfère utiliser des termes familiers et propres à chaque langue. Par exemple, il compare cela à inviter un ami à boire un verre de vin, en utilisant le terme “vinum” en latin, ce qui ne serait pas naturel. De même, les Allemands parlent de “Hanf” et les Anglais de “Hemp”.
Chaque langue possède ses propres termes pour décrire le chanvre. Le mot “cannabis” a été entaché d’une connotation négative pendant des décennies, créant une peur irrationnelle chez les gens dès qu’ils entendent ce mot. C’est pourquoi Bernard a préféré utiliser le terme “chanvre” pour établir une communication plus accessible et neutre.
Les débuts dans la culture du chanvre
Bernard Rappaz a commencé à cultiver du chanvre dès 1971, principalement pour sa propre consommation. Au fil des années, sa passion pour la plante a grandi et il a progressivement augmenté ses efforts de culture. Dans les années 90, il a décidé de se lancer dans une culture plus substantielle. Il se souvient de la culture qu’il avait disséminée dans sa tomatière, couvrant environ un demi-hectare. Cependant, un événement a marqué un tournant décisif dans sa relation avec le chanvre.

Un tournant déterminant
En 1991-1992, alors qu’il cultivait son champ, un contrôleur de Bio Suisse, un Autrichien, a repéré les plants de chanvre dans sa tomatière. La simple présence de ces plants l’a perturbé, et après coup, il a signalé la situation à la police. C’est ainsi que Bernard Rappaz est devenu le pionnier du chanvre suisse, engagé dans un chemin qui allait façonner le paysage de la culture du chanvre.
Le début d’une aventure semé d’obstacles
Lorsque la police est intervenue, des agents en civil sont arrivés sur le champ. Une discussion a eu lieu, et pour apaiser les tensions, ils ont partagé une bouteille de vin blanc local, appelé “fendant”. Cependant, malgré cette interaction détendue, un camion est finalement arrivé avec des ouvriers pour confisquer la culture de chanvre. Ce moment a été difficile à vivre pour Bernard, marquant le début d’une aventure semée d’obstacles.
L’évolution légale du chanvre en Suisse dans les années 90 et 2000
Au cours des années 90 et 2000, la situation légale du chanvre en Suisse était complexe et sujette à interprétation. Bernard Rappaz a joué un rôle majeur dans la compréhension et l’application de la loi concernant la culture et l’utilisation du chanvre.
Exploration de la loi et découverte d’une opportunité
Suite à l’incident avec le contrôleur de Bio Suisse, Bernard a entrepris des recherches approfondies et a découvert une convention de l’ONU ratifiée par la Suisse. Cette convention stipulait que la culture de certaines variétés de chanvre en vue de produire des produits non stupéfiants, comme des tisanes, était autorisée. Le message du Conseil fédéral confirmait l’effet euphorique du chanvre dans le contexte de la convention. Grâce à cette information, Bernard a exploré de nouvelles possibilités légales.
Recherche de soutien légal et cultures ultime
Pour concrétiser sa vision, Bernard a consulté plusieurs avocats avant de trouver un professionnel qui partageait son interprétation de la loi. Fort de ce soutien, il a commencé à développer des cultures de chanvre plus importantes. Malgré la destruction de sa première culture, il a persévéré dans sa démarche.
Les conflits avec la loi et les conséquences
La première fois que la police est intervenue, les plants de chanvre ont été saisis, mais Bernard n’a pas été condamné à la prison. Cependant, lors d’une deuxième intervention, il a été emprisonné pendant dix jours. Il a adopté la grève de la faim comme forme de protestation non violente, une technique qu’il utilisera à plusieurs reprises par la suite.
Le tournant de 1992-1993
C’est en 1992-1993 que Bernard a fait face à sa première incarcération en raison de sa culture de chanvre. Malgré cet obstacle, il a continué à cultiver et à lutter pour sa cause. La destruction de sa deuxième culture commerciale a été un coup dur, mais il est resté résolu.
La notion agricole du chanvre
Bernard souligne sa perspective sur la culture du chanvre en tant qu’activité agricole. Il compare cette culture à d’autres produits agricoles comme les pommes de terre ou les abricots, mettant l’accent sur la quantité et la logique de la production.
Un rassemblement de pionniers
En 1994, Bernard a trouvé le soutien de trois autres agriculteurs de son village. Il a été rejoint par des confrères professionnels pour former un groupe de quatre personnes déterminées à cultiver du chanvre. Cette collaboration a renforcé leur cause et a marqué un tournant dans leur lutte.
Le défi de l’huile de chanvre des Alpes
Bernard raconte comment ils ont visé la production de chènevis, en travaillant à extraire l’huile de chanvre des Alpes. Le défi était de présenter le produit sous un nom compréhensible pour le grand public, car le terme “chenevis” avait perdu sa signification. Ils ont fait face à des obstacles légaux, mais ont persévéré dans leur objectif.
Un voyage vers la liberté
Face à la confiscation de leur huile, Bernard et ses proches ont pris une décision audacieuse : ils sont partis au Népal pour un voyage de trekking. Avant de rentrer, ils ont visité un monastère bouddhiste et ont demandé une cérémonie de puja pour libérer leur huile.

Une Puja : Soutien spirituel et révélation
Bernard Rappaz explique que la Puja est une cérémonie similaire à une messe, une célébration visant à soutenir quelqu’un ou un projet. Dans ce cas précis, la puja était dédiée à leur île de chènevis. Il explique que les bouddhistes pratiquent ces cérémonies pour apporter soutien et énergie positive.
Le retour et une surprenante découverte
De retour en Suisse après leur voyage, Bernard Rappaz a reçu une surprise inattendue. Alors qu’il montait les escaliers chez lui, il a entendu le bruit caractéristique de son fax en train de fonctionner. C’était un fax de son avocat annonçant que l’Office fédéral de la santé publique avait estimé que l’huile de chènevis n’était pas un stupéfiant et qu’elle pouvait donc être commercialisée. Cette annonce a été reçue avec une certaine ironie, car elle est intervenue après leur demande de soutien spirituel.
La composition de l’huile de chènevis
En ce qui concerne la composition de l’huile de chènevis est abordée, Bernard explique que bien qu’il y ait des traces de THC dans l’huile, l’Office fédéral de la santé publique a déterminé qu’il faudrait consommer une quantité extrêmement élevée d’huile pour obtenir l’effet d’un joint. Il plaisante en disant que le résultat serait plus probablement une visite aux toilettes plutôt qu’un effet euphorique.
Légalisation de l’huile de chanvre des Alpes
Bernard se souvient que l’huile de chanvre des Alpes a été son premier produit dérivé de chanvre à être légalisé en Suisse. Il se rappelle également que la chanvrière de l’Aube en France a suivi son exemple quelques années plus tard. Cette huile est exceptionnelle car elle contient des acides gras essentiels comme les oméga 3, 6 et 9, ainsi que d’autres éléments bénéfiques pour la santé.
Une inspiration importée des États-Unis
Bernard mentionne qu’il avait importé une bouteille d’huile de chanvre des États-Unis, où il était peut-être un pionnier en Europe, mais où il y avait déjà quelqu’un produisant de l’huile de chènevis. Cet individu importait ses graines de Chine, mais il devait les laver à l’eau froide à la frontière pour enlever les traces de THC. Bernard partage qu’il avait également apporté une bouteille d’huile de chanvre des États-Unis à M. Bordoni, directeur de l’huilerie Sabo, qui était spécialisé dans les huiles spéciales et s’est avéré être étonné par cette nouvelle huile.
Une découverte révolutionnaire : L’huile essentielle de chanvre
La conversation s’oriente ensuite vers la découverte par Bernard de l’huile essentielle de chanvre. Il se souvient que son champ était riche en huile essentielle et qu’il était peut-être le premier à explorer cette possibilité à l’échelle mondiale. Il explique que cette huile essentielle est extraite par la vapeur d’eau, et qu’il a travaillé avec une huilerie spécialisée dans ce domaine.

Le développement continu et diversifié
Au fil des années, Bernard a développé de nouvelles cultures et produits dérivés du chanvre, continuant à repousser les limites de la législation et de la connaissance. Il a également mentionné son rôle dans l’ouverture d’une brèche dans la répression liée au chanvre en Suisse.
L’Huile essentielle : Une perspective novatrice
Bernard explique que son exploration de l’huile essentielle de chanvre a ouvert de nouvelles perspectives pour l’utilisation de la plante. Il se réjouit d’avoir été pionnier dans ce domaine, et ces développements continueront d’avoir un impact sur la manière dont le chanvre est compris et utilisé.
Cultiver et extraire l’huile essentielle de chanvre
Bernard Rappaz décrit ses techniques de culture et d’extraction pour produire de l’huile essentielle de chanvre. Il explique qu’il a développé sa propre méthode, en espaçant les plantes pour qu’elles poussent en largeur, rappelant la structure des sapins de Noël. Il a cultivé des plantes femelles, en retirant les plantes mâles pour contrôler la pollinisation et la qualité. Les cultures étaient situées dans sa région, avec des espacements de 2 mètres sur 2 mètres en quinconce.
Une approche méticuleuse
Bernard Rappaz détaille comment il a marqué les plantes mâles pendant la journée avec des pincettes rouges et fait appel à des aides pour éliminer les plantes mâles marquées pendant la nuit. Il explique qu’il a établi un accord avec la police, qui a vu d’un bon œil la présence d’ouvriers la nuit pour dissuader les voleurs.
L’huile essentielle de chanvre : Légalité et composition
L’huile essentielle de chanvre extraite à partir de ces cultures riches en THC contenait principalement des terpènes. Bernard Rappaz a eu la chance de collaborer avec un spécialiste en parfumerie qui a été fasciné par les nouvelles senteurs découvertes dans l’huile essentielle de chanvre. Il souligne que cette huile ne contrevenait pas à la loi car, bien qu’elle contienne des traces infimes de THC, elle ne pouvait pas être utilisée comme stupéfiant.
L’importance des senteurs et des variétés
Bernard mentionne son expérience avec un professionnel de la parfumerie qui a identifié des senteurs uniques dans différentes variétés de plantes de chanvre. Il explique que ces découvertes ont ouvert de nouvelles perspectives quant à l’utilisation de l’huile essentielle de chanvre.
Le contrôle et la variation des cultures
Lorsqu’on lui demande si les différentes variétés de plantes étaient cultivées dans le même champ, Bernard confirme que oui, à l’époque, la discussion n’était pas centrée sur le CBD ou le THC, mais sur le but spécifique de la culture. Il évoque une expérience où il a été arrêté à la frontière française, mais les autorités françaises ont mis plusieurs mois pour analyser l’huile et déterminer la présence de THC.
Conflit juridique et mobilisation en Suisse
Bernard Rappaz explique comment il s’est retrouvé impliqué dans un conflit juridique en France en raison du transport d’huile essentielle et d’huile de chènevis entre la Suisse et la France pour livraison. Il évoque une petite peine avec sursis à la suite de l’incident. Il raconte comment le chef de la police française avait compris qu’il n’était pas lié au cannabis, mais plutôt à la culture de chanvre. De retour en Suisse, Bernard a été soutenu par de nombreuses personnes à travers le pays et a créé la Coordination Suisse du Chanvre pour rassembler les commerçants de chanvre et promouvoir cette culture.

Renouveau du chanvre et sympathie du public
Il explique que son engagement dans la coordination suisse visait à renouveler l’intérêt pour le chanvre en évitant de parler de cannabis. De nombreux seniors étaient intéressés par les cultures de chanvre de leurs parents et grands-parents. Il évoque les premières “hanf parades” et foires internationales organisées par la Coordination Civique du Chanvre, où l’on élisait la meilleure herbe de l’année sur la base de l’odeur et de l’aspect, sans mentionner les effets.
Combat juridique et médiatique
Bernard Rappaz a mené un combat juridique en parallèle à son activité agricole, remportant 17 recours au Tribunal Fédéral suisse liés au chanvre. Il explique comment il a gagné des batailles juridiques, même lorsqu’il a été confisqué 50 tonnes de marchandise. Ensuite, il raconte son exposition médiatique, avec des apparitions sur des chaînes de télévision françaises, notamment dans l’émission “Capital” de M6. Il conclut en mentionnant que cette émission a été largement diffusée et repassée, contribuant à faire connaître sa cause.
Diversification des produits à base de chanvre
Après l’huile essentielle, Bernard Rappaz a lancé divers produits à base de chanvre. Ils ont organisé des concours pour la meilleure fleur de l’année, ce qui les a incités à commencer à produire des fleurs de chanvre. Ils ont également introduit la tisane de chanvre, considérant que boire une tisane n’était pas associé à la drogue. Les cafés ont rapidement montré de l’intérêt pour la tisane.
Défi légal avec la tisane
La police a confisqué les tisanes au départ, car elles contenaient une quantité limitée de THC. La recette avec du lait a compliqué les analyses, car le THC ne passait pas dans l’eau. L’humour a été une arme efficace pour contrecarrer cette situation. La suite a été le lancement de coussins remplis de fleurs de chanvre pour dormir, créant un défi juridique pour les autorités.
Lancement de produits diversifiés
Le chanvre a continué à être diversifié dans les produits. Ils ont lancé des coussins, mais ont également proposé des fleurs et même de la résine. Le hasch a été analysé à des taux élevés de THC, mais au fil du temps et avec des analyses plus récentes, les taux de THC ont diminué, les rendant légaux selon les normes actuelles en Suisse.
Rémanence historique
Les produits tels que les plaques de résine historiques ont perdu leur potentiel récréatif avec le temps. Les taux de THC et de CBD sont devenus extrêmement bas, et il ne reste qu’un souvenir historique de ces produits, qui pourraient être intéressants pour les musées mais n’ont plus d’effet significatif.
Lancement de l’initiative populaire fédérale
Bernard Rappaz a réussi à faire passer les plaquettes en jouant avec la loi et en les présentant comme des objets culturels. Cela a contribué à faire avancer la cause du chanvre en Suisse, suscitant l’intérêt des politiciens pour réglementer cette industrie. En 2023, la Suisse a ouvert les premières distributions contrôlées de fleurs et de hasch riches en THC, bien que Bernard exprime des réserves quant à la manière dont cela a été mis en œuvre.
Processus démocratique en Suisse
Bernard explique le processus démocratique en Suisse, où les citoyens peuvent lancer des initiatives fédérales avec 100 000 signatures ou demander un référendum sur une loi existante avec 50 000 signatures. Il compare ce système à celui de la France, plus représentatif. Il apprécie la démocratie directe en Suisse et la considère comme une tradition précieuse.
Grèves de la faim
Bernard a été emprisonné à plusieurs reprises, notamment pour ses actions liées au chanvre. Il a entrepris de nombreuses grèves de la faim pour protester contre les lois et les peines injustes. Certaines de ses grèves de la faim ont duré plusieurs mois, atteignant jusqu’à 120 jours. Il a même été contacté par le président de la Cour européenne des droits de l’homme, qui l’a encouragé à cesser ses grèves de la faim pour préserver sa santé.
Jeûne et autocannibalisme
Pendant ses grèves de la faim, Bernard était surveillé à l’hôpital carcéral. Bien qu’il ait consommé uniquement de l’eau, il mentionne avoir utilisé une “arme secrète” en consommant un peu de son urine chaque jour pour les protéines, vitamines et nutriments qu’elle contenait. L’autocannibalisme l’a aidé à survivre pendant le jeûne, et il explique comment le corps puise d’abord dans la graisse, puis les muscles et enfin les organes pour l’énergie.

Rajeunissement après le jeûne
Après ses jeûnes, Bernard a ressenti un effet de rajeunissement. Il a vécu une expérience remarquable de réduction de l’âge perçu après un jeûne, avec une sensation de rajeunissement de 10, 15, voire 20 ans.
Poursuite de l’engagement et répression
Bernard a poursuivi son engagement en prison en créant l’association des détenus et en luttant pour les droits des détenus. Après sa libération, il a continué à se battre pour la cause du chanvre malgré la répression financière et sociale qu’il a subie. Malgré les épreuves, il reste déterminé et fidèle à ses convictions.
Législation du cannabis en Suisse
Bernard a également abordé la législation du cannabis en Suisse, mentionnant une vague de répression après l’échec d’une initiative pour légaliser le cannabis. Finalement, les politiciens suisses ont commencé à mettre en place un système de vente contrôlée à but scientifique, mais le prix élevé de vente risque de ne pas concurrencer le marché noir.
Prix de vente et législation
L’Office fédéral de la santé publique justifie le choix de vendre du cannabis au même prix que le marché noir en raison de la crainte que les consommateurs achètent légalement à bas prix pour ensuite revendre à prix élevé dans la rue. Bernard suggère qu’une solution pourrait être de plafonner la quantité de cannabis par personne que l’on peut acheter, ce qui limiterait la possibilité de revente lucrative.
Légalisation et répression
Bernard évoque la récente évolution en Suisse, où il y a des essais de ventes contrôlées dans certaines villes, tandis que le tribunal fédéral a réduit la répression pour la possession de petites quantités de cannabis. Il mentionne également un contrôle routier qu’il a subi où les policiers ont reconnu sa notoriété, mais n’ont pas pu confisquer la substance à cause des lois actuelles.
Différence entre CBD et THC pour les chiens
Bernard partage une anecdote où il a été contrôlé par des policiers avec un chien renifleur. Le chien a réagi, mais il n’y avait pas de cannabis dans la voiture. Bernard explique que les chiens ne font pas la différence entre le CBD et le THC, car ils réagissent aux terpènes et aux odeurs plutôt qu’à la composition spécifique.
Expérience dans l’industrie du CBD
Bernard a été impliqué dans l’industrie du CBD avec l’entreprise Hollyweed. Au départ, il doutait de la légitimité du CBD, mais finit par travailler avec l’entreprise. Cependant, ses associés ont vendu la société à un groupe canadien, ce qui l’a conduit à démissionner après avoir constaté des méthodes de travail problématiques. Hollyweed a fini par faire faillite quelques mois plus tard.
Culture en plein air et en intérieur
Bernard discute de sa préférence pour la culture en plein air (outdoor) plutôt qu’en intérieur (indoor). Il considère que la culture en intérieur découle de la prohibition, et une fois que la culture est légale, il estime que la culture en plein air est plus naturelle et bénéfique pour les plantes.
Stabilité des produits et standardisation
Une question évoque la possibilité que les clients préfèrent acheter des produits standardisés au lieu de fleurs spécifiques, et que l’indoor pourrait garantir cette stabilité. Bernard nie cette affirmation en se basant sur son expérience avec les concours de qualité qu’il a organisés. Il explique qu’à travers ces concours, les variétés indoor et outdoor étaient mélangées, et les échantillons étaient jugés à l’aveugle par le public. Il souligne que sa région en Suisse offre des conditions favorables pour la culture outdoor avec des récoltes régulières de haute qualité.
Qualité et environnement
La discussion se tourne vers la qualité et l’environnement. Bernard affirme que dans sa région ensoleillée de Suisse, les récoltes outdoor sont de bonne qualité chaque année, sans moisissures. Bernard rejette l’idée que la culture outdoor conduit à des variations de qualité significatives en raison des conditions changeantes. Il met en avant les aspects négatifs de la culture indoor, notamment la consommation d’énergie élevée, la pollution, et l’utilisation d’engrais et de produits chimiques de synthèse. Selon lui, certains producteurs pratiquent la culture indoor bio, mais estime que la culture en plein air reste une option supérieure en termes de qualité et de coût.
Syndicalisation et évolution du marché du CBD
Bernard explique que le marché du CBD a connu des difficultés en raison du manque de syndicalisation et de fixation des prix par les producteurs. Certains ont vendu à perte, entraînant des faillites et un effondrement du marché du CBD. Il espère que cette expérience servira de leçon pour le marché du THC, afin d’éviter les mêmes problèmes.
Évolution du marché et usage médical
L’évolution du marché du CBD a servi de leçon pour l’avenir. Bernard partage son expérience actuelle en tant que vendeur de CBD dans les kiosques et de THC dans les pharmacies. Il explique que depuis août 2022, les médecins en Suisse ont le droit de prescrire du chanvre riche en THC à leurs patients pour une variété de maux, sans demander d’autorisation préalable. Il décrit son travail en visitant les pharmacies et les médecins.
Relations avec les médecins
Bernard mentionne qu’il apprécie ce travail et souligne la diversité des réactions des médecins face à la prescription de cannabis. Les jeunes médecins ouverts à la culture du cannabis sont moins hésitants, tandis que certains médecins plus âgés posent davantage de questions. Il explique que son rôle consiste souvent à rassurer ces médecins, notamment en soulignant l’absence de dose létale avec le cannabis. Il évoque la vente de THC sous forme d’huile et souligne l’importance de permettre aux patients de doser eux-mêmes leur traitement, sans risque.
Sécurité et toxicité
Bernard souligne la sécurité du THC et le fait qu’aucun décès n’a été attribué à la surconsommation de cannabis en Suisse ces dernières années. Il mentionne qu’en Angleterre, où il y a eu une polémique sur une surdose présumée de cannabis, l’Office fédéral de la santé publique suisse a envoyé des spécialistes pour analyser le cas et a conclu que la mort ne pouvait pas être attribuée au cannabis.
Cohabitation des cultures de chanvre
La cohabitation entre les cultures de chanvre à des fins industrielles et les cultures de chanvre à des fins récréatives est un défi. Bernard explique que les cultures industrielles de chanvre peuvent produire du pollen, qui peut voyager avec le vent et féconder les fleurs des cultures récréatives. Cela entraînerait la formation de graines indésirables dans les fleurs, ce que les consommateurs évitent aujourd’hui.

Proposition de solution
Bernard partage une idée pour la Suisse : il suggère de transformer une partie des vignobles en champs de chanvre récréatif. Étant donné que la consommation de vin diminue et que les vignerons peinent à écouler leur production, cette proposition pourrait résoudre deux problèmes. D’une part, elle réduirait la surproduction de vin, et d’autre part, elle créerait un nouveau produit très demandé par la population. Cette approche permettrait d’utiliser les terres viticoles existantes pour répondre à la demande de cannabis récréatif tout en évitant une guerre civile liée à la réduction des vignobles.
Situation en France
Selon lui, la France fait face à des problèmes similaires avec la surproduction viticole et les difficultés économiques des vignerons. Il propose également une solution similaire pour la France, en remplaçant certaines cultures de vigne par des cultures de cannabis récréatif ou thérapeutique. Cependant, il reconnaît que ces propositions doivent être discutées plus en profondeur et adaptées en fonction des spécificités de chaque pays.
Développement de cultures de chanvre récréatif
Bernard souligne l’importance de cultiver des variétés de chanvre riches en THC en plein air pour développer une culture locale et diversifiée. Il évoque l’exemple des météorologues espagnols qui signalent l’arrivée d’un nuage de pollen de chanvre en provenance du Maroc chaque année. Cela souligne l’importance de favoriser la culture de variétés femelles pour éviter la pollinisation et la formation de graines indésirables. Bernard est convaincu que cultiver en plein air et développer le terroir est crucial pour répondre à la demande croissante de cannabis récréatif de qualité.
Liberté de culture
Bernard établit un parallèle avec le développement de l’alcool au fil des siècles, soulignant que la liberté de culture et de recherche avec le chanvre ouvrirait la porte à des innovations similaires. Il croit que la levée de la prohibition permettra de découvrir de nouveaux produits et usages du chanvre, qui n’ont pas encore été explorés en raison des restrictions antérieures.
Évolution de la prohibition en Suisse
Il indique que la répression des petits consommateurs a été réduite en Suisse. La possession de 10 grammes est désormais tolérée, et les consommateurs ne peuvent être amendés que s’ils sont pris en train de fumer un joint. Cependant, il estime qu’il faudra encore du temps pour que la loi fédérale sur les stupéfiants change véritablement. Les ventes contrôlées à des fins scientifiques seront expérimentées, et il prévoit que dans 3 à 4 ans, les résultats de ces expériences pourraient influencer un changement législatif pour permettre des ventes contrôlées dans tout le pays.
Évolution positive et ouvertures en France
Bernard est optimiste quant à l’évolution positive concernant l’ouverture sur les substances psychédéliques et le cannabis thérapeutique. Même en Suisse, des développements notables se produisent, tels que la prescription du LSD en microdoses et de la psilocybine. Il évoque également l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France, dont les résultats seront annoncés en mars.
Si les résultats sont positifs, cela pourrait conduire à l’inclusion des médicaments à base de cannabis dans la liste des médicaments remboursés par la sécurité sociale. Cette avancée serait significative pour l’accès au cannabis thérapeutique en France.
Impact du cannabis thérapeutique
Il souligne l’importance potentielle du cannabis thérapeutique en France. Si le bilan est positif en mars et que les médicaments sont remboursés par la Sécurité sociale, cela pourrait marquer un premier pas vers une légalisation plus large du cannabis. Il explique que le système social et professionnel serait ajusté pour reconnaître le cannabis comme un médicament, ce qui pourrait avoir des répercussions significatives sur la société.
Chanvre thérapeutique en Suisse
En Suisse, le chanvre thérapeutique est géré par Swiss Medic, qui homologue les nouveaux médicaments. Bernard mentionne qu’un ami a reçu l’autorisation de cultiver du chanvre pour Swiss Medic. Ils acceptent les cultures en extérieur ou sous serre, mais refusent les cultures en intérieur pour approvisionner le marché thérapeutique. L’accent est mis sur la sécurité, et il souligne que des mesures excessives de sécurité pourraient attirer les voleurs plutôt que de les dissuader.
Dilemme de la sécurité vs. attirer l’attention
Bernard discute du dilemme entre protéger les cultures de chanvre thérapeutique avec des mesures de sécurité lourdes comme des barbelés et éviter d’attirer l’attention. Il note que cette décision peut sembler moins intuitive, mais souligne l’importance de trouver un équilibre entre sécurité et discrétion pour éviter le vol.
Cultures d’intérieur et pollution
Bernard exprime son désaccord avec les cultures d’intérieur, les considérant comme des puits à énergie et sources de pollution. Il pointe du doigt l’utilisation de produits chimiques de synthèse tels que pesticides et fongicides dans ces cultures, ce qui peut affecter la qualité du produit final. Il espère que les cultures de chanvre retourneront au soleil pour des raisons environnementales et de santé des consommateurs.
Évolution du chanvre thérapeutique en Suisse
Il partage des informations sur l’évolution du chanvre thérapeutique en Suisse, indiquant que bien que des progrès aient été réalisés, certaines compagnies d’assurance hésitent encore à rembourser les traitements à base de cannabis. Cependant, il souligne que pour des raisons économiques, les compagnies d’assurance pourraient être encouragées à rembourser ces traitements plus abordables et efficaces.

Formes de médicaments à base de chanvre
Bernard mentionne que les produits à base de chanvre thérapeutique vendus dans les pharmacies en Suisse sont actuellement sous forme de gouttes, dérivées de THC naturel issu de cultures en plein air et biologiques. Il espère qu’à l’avenir, la fleur et la résine pourraient également être incluses dans les options de médicaments.
La vaporisation de la fleur
Il évoque la vaporisation de la fleur comme une méthode rapide et efficace pour obtenir les effets du cannabis thérapeutique. Bien que ce ne soit pas encore le cas en Suisse, il croit que l’inclusion de la fleur dans les médicaments à base de cannabis pourrait être une réalité future.
Son rôle dans l’éducation des médecins
Bernard souligne son rôle en tant qu’éducateur auprès des médecins en Suisse pour les informer sur la possibilité de prescrire du chanvre thérapeutique. Il note que de nombreux médecins ne sont pas encore au courant de cette option thérapeutique et qu’il joue un rôle clé dans leur sensibilisation.
Médias et couverture médiatique en Suisse
Bernard aborde la couverture médiatique du chanvre et du CBD en Suisse. Il explique qu’au niveau des grands médias, il n’y a pas de couverture spécialisée régulière sur le sujet. Les articles sur le chanvre et le CBD apparaissent de temps en temps, mais cela ne constitue pas une couverture médiatique continue.
Évolution de la couverture médiatique
Il partage qu’auparavant, en raison de ses implications juridiques et judiciaires, il avait un contact plus étroit avec les médias. Cependant, depuis sa sortie de prison et son implication dans l’industrie du CBD et du chanvre thérapeutique, son interaction avec les médias a considérablement diminué. Il constate qu’il n’est plus au centre de l’attention médiatique comme il l’était auparavant.
Diffusion de l’information en ligne
Sur Internet, il y a des sources d’information, des blogs et d’autres ressources qui traitent du sujet du chanvre et du CBD en Suisse. Cependant, en ce qui concerne les médias traditionnels, il semble y avoir moins de couverture.
Différences avec la France
Il compare cette situation avec la France, où il existe des presses spécialisées, des blogs et même des podcasts qui se concentrent sur la filière CBD. Il constate que la couverture médiatique sur le sujet est plus étoffée en France qu’en Suisse.
Dérivés et Utilisations du Chanvre
Selon Bernard, les dérivés du chanvre sont d’une importance capitale. L’huile de chènevis, au goût de noisette, est excellente en salade ou comme huile de massage. Avec l’ajout d’huile essentielle, elle peut être parfumée. Son expérience de vente d’huile de massage a montré que l’huile de chènevis semble guérir diverses affections cutanées, y compris le cancer de la peau. Il a eu des retours positifs pour la dermatite atopique, l’eczéma et même le cancer de la peau. A son avis, toutes les affections cutanées peuvent être traitées avec cette huile extraordinaire.
L’expérience de France Perrier
France Perrier, une Française, a utilisé l’huile de chènevis pour traiter son cancer de la peau avec succès. Elle a finalement créé une entreprise de construction de maisons en chanvre pour remercier la plante qui l’a sauvée. La France est en avance dans la construction en chanvre. Bernard a vendu des produits français issus de la filasse de chanvre pour l’isolation, remplaçant ainsi la laine de verre, qui pose des problèmes de santé.
Utilisations diverses
Les dérivés du chanvre s’étendent à la construction, à l’alimentaire, aux cosmétiques et plus encore. Cette plante offre des possibilités remarquables au-delà du THC. C’est pourquoi Bernard avance dans son combat en Suisse, montrant que le chanvre ne se limite pas à la “fumette”, mais à des applications variées et significatives.
Le mot de la fin
Vive la liberté mais que ça soit une liberté quand même qui soit organisée, d’entente avec tous les acteurs de la filière.