Béchir Saket Bouderbala – L630 : Espérer et continuer à se mobiliser pour le cannabis

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Alors que les horizons de la réforme des lois sur le cannabis en France s’éclaircissent progressivement, il est impératif de maintenir une vigilance constante et un engagement inébranlable, évitant tout relâchement. C’est précisément cet appel à la persévérance que notre invité de la semaine met en évidence. Dans ce nouvel épisode captivant, nous faisons la connaissance de Béchir Saket Bouderbala, un éminent consultant en affaires publiques et un ardent défenseur de la cause du cannabis.

En tant que co-fondateur du mouvement citoyen L630, Béchir Saket Bouderbala s’investit activement dans une métamorphose des politiques liées au cannabis. Son plaidoyer en faveur de la légalisation du cannabis à des fins médicales, de l’adoption de mesures de réduction des risques et d’une sensibilisation proactive ne cesse de se renforcer. Le mouvement L630 rassemble une communauté de citoyens engagés, unis par une vision commune : façonner un changement sociétal fondamental et bien nécessaire.

Embarquons pour un voyage à travers les réflexions et les aspirations de Béchir, tout en explorant les passions qui l’animent et les défis qu’il a surmontés.

Les origines et les premiers pas

Pour mieux cerner le personnage qui se profile derrière ces engagements, Béchir nous offre un aperçu personnel. Enfant issu de deux immigrants tunisiens, sa naissance à Paris marquait le début d’un voyage aux teintes variées. Sa croissance, empreinte de conditions modestes mais dignes, se déroula dans une dualité culturelle, s’épanouissant dans la mosaïque franco-tunisienne. Une aspiration précoce à la politique, à la justice et aux iniquités l’animait dès l’enfance, cristallisée par le désir d’embrasser la profession d’avocat pour défendre les plus vulnérables.

2. Une vision embrassant l’injustice et l’engagement

Béchir nous confie son cheminement, marqué par une sensibilité à l’injustice et à la précarité croissante. Son regard porté vers la société l’incita à s’investir dans la recherche de solutions, à scruter les mécanismes qui structurent le monde qui l’entoure. Toutefois, il réalisa que cette voie exigeait un cheminement académique. Animé par la tradition familiale, il entama des études de droit, tout en nourrissant une passion pour cette discipline.

3. Tisser les fils du réseau et de l’influence

L’université ne fut qu’une étape pour Béchir. Sa soif d’exploration l’entraîna dans la création d’un réseau fertile. Avec un groupe d’esprits semblables, il érigea un véritable think tank, un espace d’échanges fructueux où des personnalités politiques et des chercheurs se rassemblaient pour débattre et éclairer les enjeux cruciaux de la société. Cet élan collectif forgea des liens inestimables et enracina sa place dans l’arène du débat public.

Exploration d’une vision : engager un changement sociétal

Au fil de notre conversation, Béchir Saket Bouderbala dévoile les racines de son engagement dans la cause du cannabis. Ce cheminement inattendu a débuté au sein d’un contexte plus global, celui des questions internationales, de la géopolitique et des enjeux économiques, notamment liés à la réforme de l’Union européenne. C’est au sein de cet espace de réflexion aux dimensions vastes que le cannabis a lentement commencé à tisser sa toile dans la conscience de Béchir.

1. L’Émergence d’une question cruciale

La première étincelle fut allumée lors d’un événement atypique. Imaginons-nous pénétrant une salle où la légalisation du cannabis est devenue réalité. Un saut temporel vers “le jour d’après” réunit des acteurs associatifs et des experts, invoquant un tableau réaliste post-légalisation. Cette expérience a marqué le début d’une prise de conscience pour Béchir. Bien que ce ne fût pas lui qui orchestrait cet événement, un membre de leur association, cette expérience cristallisa le potentiel du sujet du cannabis dans son esprit.

2. Un intérêt grandissant

L’intérêt de Béchir pour le sujet du cannabis grandit peu à peu, bien qu’initialement ce ne fut pas une passion flamboyante. Il partage son propre usage occasionnel de la substance, révélant ainsi une distance personnelle avec le mode de vie de consommation quotidienne ou régulière. Ce désintérêt pour la consommation régulière de cannabis trouve écho dans d’autres substances, comme la nicotine, sujette à des réflexions parallèles. Béchir évoque une analyse récente de l’OFDT, soulignant que les drogues légales représentent une part importante du fardeau social et financier de l’État, avec un taux de mortalité préoccupant.

3. L’évolution vers un engagement actif

L’évolution de Béchir vers une implication plus profonde dans la cause du cannabis est progressive. Une étape décisive survint avec le partage d’un texte militant en faveur de la légalisation du cannabis, qui connut un vif succès avec plus de 200 000 partages. Ce mouvement initial catalysa des contacts avec des individus partageant les mêmes convictions, suscitant l’idée d’une approche plus sérieuse et structurée du sujet.

Engagement pour un changement sociétal : Le miroir du cannabis

Lorsque Béchir aborde la thématique qui l’a profondément touché et dans laquelle il s’est investi avec conviction, il amène la discussion vers l’essence même de son engagement : le cannabis. La genèse de cet engagement trouve ses racines dans un contexte global, oscillant entre les questions internationales, la géopolitique et les enjeux écologiques. C’est dans ce panorama élargi que le sujet du cannabis a commencé à prendre de l’ampleur dans sa conscience, guidant son chemin vers une lutte pour le changement.

1. Le pouvoir de la justice dans les lois

Béchir nous éclaire sur l’évolution de sa pensée et sur les éléments qui l’ont motivé à s’impliquer activement. À travers ses lectures et ses découvertes, il rencontre des écrits captivants, comme ceux de Michel Alexander, une juriste américaine qui met en évidence comment les lois, lorsqu’elles sont appliquées, creusent un fossé entre les populations blanches et noires aux États-Unis. Ce constat éclaire sa réflexion et le pousse à creuser davantage.

2. Le cannabis comme reflet de la société

Peu à peu, Béchir affûte sa vision et articule une pensée qui transcende le simple sujet du cannabis. Il perçoit le cannabis comme un miroir, reflétant les inégalités et les nuances de la société. À travers cet angle, il explore les inégalités territoriales, les disparités de genre et les questions raciales et ethniques qui sont intrinsèquement liées à la consommation de cannabis.

3. La création de L630 : agir pour un changement collectif

Cette perspective mûrie l’amène à une conclusion fondamentale : en luttant pour l’évolution de la perception et de la régulation du cannabis, il œuvre pour un changement sociétal plus vaste. Ainsi, aux côtés de ses pairs et amis, Béchir crée L630, une organisation qui s’inscrit dans la démarche de repenser la politique pénale liée aux drogues et d’éveiller les consciences sur les conséquences de la stigmatisation et de la marginalisation. L630 rassemble des avocats, des magistrats, des communicateurs et des plaidoyeurs, formant un écosystème dédié à la promotion du débat, du changement et de la justice.

Un plaidoyer engagé : entre discrétion et action médiatique

Au cœur de l’entretien, Béchir éclaire le rôle précieux de L630 au sein du paysage de l’activisme en faveur d’une réforme de la politique liée au cannabis. L630, loin d’être une simple association de consommateurs, se positionne comme un acteur de plaidoyer et de lobbying, travaillant en complémentarité avec d’autres acteurs pour porter l’information auprès des décideurs.

1. Créer des passerelles d’influence

Béchir clarifie le rôle de L630 en tant que passerelle entre les experts, les militants et les décideurs. L’association rassemble des individus animés par le désir profond de changement sociétal, allant au-delà de la simple expertise professionnelle. Il évoque comment, lors du confinement, L630 a joué un rôle clé en favorisant les échanges entre les associations et les ministres, créant ainsi une plateforme de dialogue.

2. Discrétion et efficacité

Béchir aborde ensuite la question de la discrétion dans le plaidoyer. Il souligne que, malgré la nécessité de travailler discrètement pour établir des passerelles et créer des dialogues, L630 est transparent dans ses interactions avec les décideurs en se conformant aux exigences de déclaration. La discrétion est un outil stratégique, mais elle s’associe à une démarche de transparence, favorisant des relations constructives.

3. Lobbying vs plaidoyer : défendre l’intérêt général

Béchir distingue subtilement le plaidoyer du lobbying, insistant sur la volonté de L630 de défendre l’intérêt général plutôt que des intérêts particuliers. Le plaidoyer, pour lui, est un moyen d’engager des discussions et des actions pour le bien de la société tout entière, sans chercher à monopoliser l’attention médiatique.

4. Gérer la visibilité pour un impact concret

Béchir aborde la question de la visibilité médiatique, en soulignant que L630 privilégie l’efficacité à la médiatisation. Il explique que l’association ne cherche pas à occuper l’espace médiatique à tout prix, mais plutôt à être à sa place et à contribuer de manière utile et pertinente aux débats et aux décisions.

5. Équilibrer discrétion et action médiatique

Béchir démontre comment L630 gère habilement un équilibre entre discrétion et action médiatique en fonction des circonstances. Il cite un exemple concret où L630 a mobilisé les médias pour accélérer la sortie d’un décret crucial pour l’expérimentation du cannabis médical. Il souligne ainsi que la discrétion peut être efficace, mais qu’il y a des moments où l’action médiatique est nécessaire pour faire progresser la cause.

Co-construction et postures politiques dans le débat du cannabis

La suite de l’entretien met en lumière l’importance de la complémentarité entre différents acteurs engagés dans le débat sur la légalisation du cannabis. Béchir souligne que pour réclamer un changement de société, il est crucial de ne pas être en rupture totale avec les autorités et les institutions en place. Il évoque la complexité de cette démarche, où il faut naviguer entre l’opposition au gouvernement tout en étant capable de co-construire des politiques et des solutions.

1. Postures politiques et convictions

Béchir évoque les postures politiques adoptées par certains candidats à la présidence et ministres de l’intérieur sur la question de la légalisation du cannabis. Il remet en question si ces positions sont des convictions profondes ou des choix stratégiques liés à leurs rôles ministériels. Il mentionne que plusieurs responsables de la Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) ont pris position en faveur de la dépénalisation et de la légalisation après avoir quitté leurs fonctions, ce qui soulève des doutes quant à la sincérité de leurs positions.

2. Ministres de l’intérieur et contentieux

Béchir aborde le rôle des ministres de l’intérieur dans le débat sur le cannabis. Il explique que certains ministres peuvent adopter des positions strictes en raison du contexte politique et des contentieux existants, notamment l’utilisation de ressources policières pour réprimer les usagers. Il suggère que la posture adoptée par les ministres de l’intérieur ne relève pas nécessairement de convictions profondes, mais peut être influencée par la culture politique ambiante.

Rôle des forces de l’ordre et perspectives pour l’avenir

La continuation de l’entretien explore les dynamiques qui influencent le rôle des forces de l’ordre, en particulier en ce qui concerne les questions de cannabis. Béchir souligne que le système actuel encourage les policiers à obtenir des primes en relevant des infractions, notamment celles liées aux usagers de drogues, ce qui peut contribuer à une approche répressive. Il explique que cette approche est alimentée par la politique du chiffre qui prédomine dans la sécurité en France depuis des années.

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Béchir souligne deux éléments clés qui influencent la posture des forces de l’ordre :

1. Évolution du rôle des policiers

 Il observe une évolution dans le rôle perçu des policiers, où la frontière entre les populations et les forces de l’ordre s’élargit et se renforce. Plutôt que de se concentrer sur la préservation de l’ordre public et la concorde républicaine, il soutient que certains policiers semblent désormais axés sur le contrôle et le maintien d’une certaine vision de la société, ce qui peut conduire à des perceptions de rivalité et de conflit.

2. Dérives et violence policières

Béchir aborde les préoccupations croissantes concernant les dérives et la violence policière, qui ont conduit à des tensions entre les forces de l’ordre et la population générale. Il évoque la question des caméras piétons et comment les syndicats de police influencent les décisions sur leur utilisation, ce qui reflète une certaine perception de toute-puissance et d’immunité.

Perspectives pour l’avenir

Béchir partage sa vision de l’avenir en lien avec la légalisation du cannabis et la transformation du rôle des forces de l’ordre. Il mentionne trois voies potentielles pour parvenir à une régulation du cannabis : décisions de justice, référendums ou l’ascension de responsables politiques convaincus de l’intérêt de la régulation. Il exprime l’espoir que l’échange d’informations et de perspectives pourrait influencer les générations futures de dirigeants et contribuer à un changement de politique. Béchir évoque également le besoin d’une réflexion plus globale sur la sécurité en France, en cherchant à réinscrire le rôle des forces de l’ordre dans un cadre plus démocratique et respectueux des droits humains.

Cannabis médical et perspectives de légalisation

L’entretien aborde la question du cannabis médical et son lien potentiel avec une future légalisation plus large. Béchir explique que la légalisation du cannabis médical n’est pas nécessairement une première phase vers la légalisation totale, mais plutôt une réponse aux besoins médicaux et à l’obligation de garantir la dignité des patients en situation de souffrance. Cela s’inscrit dans la fraternité et l’assistance à personne en danger, plutôt que dans une notion de liberté de consommation récréative.

Il distingue deux visions distinctes qui pourraient influencer la légalisation :

1. Évolution des perceptions

Une évolution dans la perception du cannabis en tant que médicament plutôt que comme une substance nuisible pourrait contribuer à la légalisation. Si le cannabis est vu comme ayant des propriétés thérapeutiques bénéfiques, cela pourrait influencer les opinions publiques et politiques en faveur de la légalisation.

2. Bataille politique et réglementaire

Bien que la bataille culturelle en faveur du cannabis médical semble gagnée, Béchir souligne que la bataille politique et réglementaire reste un défi. En France, une expérimentation du cannabis médical est en cours, impliquant 3000 patients et devant se poursuivre jusqu’en mars 2024. Après cette période, il y a l’espoir que le cannabis médical puisse être intégré dans le droit commun, permettant un accès plus large pour les patients.

Béchir mentionne qu’en termes de besoins concrets pour les utilisateurs de cannabis médical en France, on estime que la population concernée pourrait se situer entre 270 000 et 320 000 personnes. Il estime que la popularisation de l’idée de cannabis médical, l’engagement des patients et la narration autour de cette question ont contribué à faire évoluer l’opinion publique.

L’équilibre délicat : cannabis médical et liberté de choix

Béchir Saket Bouderbala aborde avec sincérité et réflexion la question complexe du cannabis médical et de la liberté de choix qui l’entoure. Dans sa voix résonne une préoccupation authentique pour les nuances et les enjeux éthiques qui entourent l’utilisation médicinale du cannabis.

1. Nécessité et liberté : un équilibre subtil

Béchir souligne l’importance de distinguer entre les cas où le cannabis médical est nécessaire en tant que traitement et ceux où il doit être considéré comme une liberté individuelle. Dans un esprit de respect et d’ouverture, il évoque les différentes réalités qui entourent ces deux approches. Il reconnaît le rôle vital du cannabis médical pour certains patients tout en mettant en avant le principe de liberté de choix pour ceux qui souhaitent l’utiliser.

2. Vers un accès plus large au cannabis médical

Béchir partage ses espoirs pour une évolution progressive vers un accès plus large au cannabis médical. Il souligne les défis actuels auxquels font face les patients et les défenseurs de cette alternative thérapeutique, notamment en ce qui concerne les conditions d’indication, les sources d’approvisionnement et les dispositions législatives.

3. L’enjeu du projet de loi de finances de sécurité sociale

Le point culminant de la discussion réside dans le contexte actuel du projet de loi de Finances de Sécurité Sociale (PLFSS). Béchir explique que ce texte annuel revêt une importance capitale, car il encadre l’ensemble du système de sécurité sociale et de santé. Il espère que des dispositions en faveur du cannabis médical seront intégrées dans le PLFSS, mais il révèle que la première mouture du texte n’en comportait pas.

4. L’incertain après l’expérimentation

Béchir lève le voile sur l’incertitude qui plane quant à la suite des événements après la fin de l’expérimentation du cannabis médical. Il évoque des questions primordiales telles que le cadre de la légalisation et les conditions requises pour accéder au traitement. Cette incertitude souligne les défis persistants qui se dressent sur le chemin de l’accessibilité au cannabis médical en France.

L’enjeu crucial du PLFSS : L’accès au cannabis médical

Béchir nous éclaire sur un aspect fondamental de la lutte pour le cannabis médical en France : son intégration dans le Plan de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS). Ce texte annuel, discuté à l’Assemblée Nationale et au Sénat, détermine le budget et les dispositifs sociaux et sanitaires du pays, dont potentiellement l’accès au cannabis médical.

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1. Le PLFSS : Un cadre pour les priorités de la santé

La Loi de Financement de la Sécurité Sociale est un pivot central dans la politique sociale et sanitaire du pays. Chaque année, c’est un champ de bataille où différentes parties prenantes, des médecins aux hôpitaux, cherchent à influencer les décisions pour garantir leur part du budget. Ce texte reflète les prérogatives de la sécurité sociale, allant des prestations aux retraités à la prévention et même à une potentielle légalisation du cannabis médical.

2. Le cannabis médical dans le PLFSS : Un changement majeur

Béchir souligne l’importance cruciale de cette année particulière, le PLFSS 2024, car il pourrait consolider légalement la légalisation du cannabis médical. Cette intégration dans le PLFSS signifierait que le cannabis médical serait reconnu comme un médicament et potentiellement remboursé par la sécurité sociale. Cependant, cette avancée ne va pas de soi, et les débats sont encore en cours pour définir les contours de cette régulation.

3. Les étapes à venir : de la régulation au remboursement

Bien que le PLFSS puisse marquer une étape décisive vers la reconnaissance du cannabis médical, il ne constitue pas la fin du chemin. Les discussions devront se poursuivre pour définir les modalités de prescription, les standards de fabrication et les critères de remboursement. La complexité des enjeux pharmaceutiques et financiers, associée à des négociations futures, rend la réalisation complète de cette avancée encore incertaine.

4. Changement des perceptions et obstacles à surmonter

Béchir souligne également que l’opinion publique et les perceptions changent progressivement. Les mentalités évoluent grâce aux efforts de sensibilisation et d’éducation menés par des défenseurs du cannabis médical. Cependant, une frange conservatrice reste opposée à cette avancée, ce qui crée des obstacles à surmonter dans le processus de légalisation.

Le prix du cannabis médical : Un équilibre délicat

Béchir aborde un aspect crucial du cannabis médical : la fixation du prix. Il simplifie la démarche en expliquant que c’est l’État qui détermine ce prix en fonction de l’estimation du service rendu et des coûts évités par le médicament. Cette approche concise offre une vue d’ensemble du processus, mais Béchir ajoute des nuances importantes.

1. Négociation complexes entre État et industriels

Il souligne que la question du prix du cannabis médical implique des négociations complexes entre l’État et les industriels. Si un accord ne peut être trouvé, c’est l’État qui décide du prix unilatéralement. Cette nuance illustre le rôle central de l’État dans la régulation des prix pour garantir un accès équitable au médicament.

2. Statut en évolution : perspectives pour le cannabis médical

Béchir élargit la réflexion en évoquant le statut du cannabis médical et son impact sur les prix. Il souligne que les discussions en cours ne sont pas encore abouties, mais que des débats portent sur la standardisation de la prise en charge des produits du cannabis médical. Il évoque l’éventualité d’une autorisation de prescription et de remboursement délivrée par la sécurité sociale pour certains patients en échec thérapeutique.

3. Engagement pour un avenir du cannabis médical

L’engagement de Béchir et d’autres défenseurs du cannabis médical est évident lorsqu’il explique que les progrès ne se produisent pas automatiquement. Il souligne le rôle essentiel des individus et des associations, tels que Marie Madeleine Gilanton, Nicolas Authier et d’autres, qui militent pour le développement du cannabis médical. Il insiste sur l’importance de la mobilisation continue pour concrétiser les avancées.

Engager le changement : faire entendre sa voix

Lorsque le projet de loi de financement de la Sécurité sociale se profile à l’horizon, comment les auditeurs peuvent-ils s’impliquer dans ce processus décisionnel crucial? Béchir Saket Bouderbala expose comment les citoyens peuvent influer sur les destinées du cannabis médical, malgré les défis inhérents à cette démarche.

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1. Lever le voile sur les décisions dissimulées

L’importance de la mobilisation émerge dans le contexte du changement sociétal. Les décisions prises à huis clos et les échanges discrets prennent une dimension nouvelle lorsque l’opinion publique s’empare d’un sujet et le politise. La conviction de Béchir réside dans la capacité de cette mobilisation à faire basculer l’opinion publique en faveur du cannabis médical.

2. Créer une vague d’impact

Convaincre l’opinion publique de la dimension politique du sujet du cannabis médical constitue un point de départ crucial. Si une partie significative de la population se mobilisait, si les députés étaient unis par une préoccupation commune exprimée par leurs circonscriptions, si les médias bruyamment relayaient la question, cela pourrait influencer les pouvoirs publics à s’attarder davantage sur la question. Une telle prise de conscience pourrait ainsi catalyser une évolution significative dans ce domaine.

Cependant, la fenêtre d’opportunité est restreinte. Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale est en discussion, et le temps presse pour la mobilisation citoyenne. Les voix des individus et des patients portent un poids immense. Béchir souligne la nécessité d’actions telles que contacter les députés, partager des messages percutants, témoigner de l’impact du cannabis médical sur la santé, et surtout, affirmer le besoin urgent d’accès à ce traitement pour les centaines de milliers de personnes en France qui en dépendent.

3. Un plaidoyer citoyen profondément engagé

L’appel au plaidoyer citoyen se révèle comme une démarche fondamentale. Béchir encourage chacun à s’approprier le budget de la Sécurité sociale, à exprimer ses préoccupations et ses désirs de changement. Le cannabis médical trouve sa place dans ce plaidoyer, soulignant l’importance de l’aspect préventif, des minimas sociaux et du bien-être des patients. La mobilisation s’exprime aussi dans le partage d’expériences, de témoignages, et dans l’ouverture d’un dialogue essentiel avec les députés.

Néanmoins, Béchir admet les limites de leur influence et insiste sur l’importance de rallier les députés alliés et de convaincre les décideurs et les dirigeants. Les efforts d’éveil à la réalité du cannabis médical se multiplient, notamment grâce à un groupe transpartisan de députés à l’Assemblée nationale qui s’engage activement sur cette question. Toutefois, il reconnaît la complexité du processus et l’incertitude quant à l’issue. La réalité du changement est nuancée, et la dynamique qui prévaudra reste à déterminer.

L’Impact du pouvoir citoyen : changer les données de l’équation

Au cœur de cet engagement collectif, Béchir Saket Bouderbala souligne que même les plus modestes contributions peuvent engendrer des changements significatifs. Loin de nécessiter un raz-de-marée médiatique ou un battage viral pour être efficace, le pouvoir du citoyen ordinaire est à portée de main.

1. L’importance des petites actions collectives

L’idée maîtresse qui émane de Béchir est que l’effet multiplicateur des actions individuelles est remarquable. Trois personnes contactant leur député, quelques courriels, appels ou interpellations lors d’un marché local peuvent ébranler les fondations du débat politique. Les députés, intrinsèquement liés à leur circonscription, accordent souvent une attention particulière aux préoccupations de leurs électeurs. Leur capacité d’action peut donc être impactée par la somme de ces petites initiatives.

2. Construire une ambiance propice au changement

Il est indéniable que ces démarches modestes, lorsqu’elles se multiplient, ont la puissance de créer une ambiance politique distincte. L’accumulation de contacts, de courriels et d’interactions suscite une prise de conscience au sein des décideurs. Cette atmosphère différente peut à des moments clés basculer la balance en faveur du changement.

3. Encouragement à l’action citoyenne

Béchir émet un appel fort à l’action pour tous ceux qui écoutent. Il encourage chacun à prendre en main son rôle de citoyen en contactant leurs députés, en partageant leurs expériences et en expliquant l’urgence de la question du cannabis médical. L’impact d’un simple témoignage, d’une poignée de mains ou d’un courriel ne doit pas être sous-estimé. Au contraire, ces actions peuvent allumer une étincelle et influencer des décisions cruciales.

4. L’influence à portée de main

Dans l’ensemble, Béchir est convaincu que le pouvoir du citoyen est une force sous-estimée mais vitale dans le processus de changement. Il en appelle à la force collective des actions individuelles pour faire évoluer le débat sur le cannabis médical. Ce message d’encouragement et d’espoir résonne comme un appel à se mobiliser, à saisir l’opportunité de façonner un avenir plus éclairé et inclusif.

Repenser la politique pénale : L’éthique au cœur du débat

Loin de se limiter à la simple question de la sécurité routière, Béchir Saket Bouderbala élargit la discussion pour englober des considérations éthiques et une réévaluation profonde de la politique pénale française. L’interdiction et la répression de l’usage de stupéfiants en France sont issues d’une accumulation de lois depuis les années 70. Cette succession de textes législatifs, à un rythme moyen de tous les six à sept mois, reflète un processus d’autopoïèse où la répression se nourrit elle-même.

1. Le principe de l’autopoïèse législative

Béchir expose le concept d’autopoïèse, où la loi, au lieu de résoudre les problèmes, se renforce continuellement par de nouvelles couches législatives. La pénalisation s’intensifie dans un cercle vicieux où l’échec apparent de la répression conduit à une répression accrue, créant ainsi un système autoalimenté. Cette logique est soutenue par une citation de Diderot, illustrant l’apparente inaction face aux lois incohérentes, tout en reconnaissant leur influence continue.

2. L’illusion de la dépénalisation

Le débat en France sur la dépénalisation du cannabis est marqué par une illusion trompeuse. Bien que la pénalisation puisse sembler marginale en comparaison avec la consommation totale, elle persiste de manière sournoise. Chaque année, entre 250 000 et 300 000 personnes sont interpellées, placées en garde à vue, ou font l’objet de perquisitions liées à l’usage de cannabis. Ainsi, la pénalisation demeure bien présente, voire renforcée, malgré les apparences.

3. La responsabilité morale et légalité

Béchir soulève la question de la responsabilité morale et légale des consommateurs. Il évoque une déclaration ambiguë d’Emmanuel Macron, invitant les consommateurs de cannabis à se sentir complices du trafic en utilisant des services de livraison. Cette responsabilité met en évidence les disparités dans l’application de la loi, où les jeunes issus de milieux défavorisés encourent davantage de risques judiciaires, tandis que d’autres en sont moins affectés.

4. L’absence d’évaluation globale

Un élément crucial souligné par Béchir est l’absence d’évaluation globale de la politique pénale liée aux stupéfiants. Alors que d’autres politiques pénales sont régulièrement évaluées, la question des drogues reste largement ignorée. La répression, les coûts sociaux et les résultats concrets attendus sont rarement analysés de manière exhaustive, laissant un vide dans la compréhension de l’efficacité réelle de cette approche.

5. Réaffirmer l’éthique dans la politique pénale

L’analyse de Béchir nous amène à réfléchir sur l’éthique fondamentale de la politique pénale actuelle. La perpétuation de lois inefficaces et potentiellement inéquitables soulève des questions sur la responsabilité des décideurs. Dans une société où la transparence et la responsabilité sont valorisées, l’absence d’une évaluation globale remet en question la rigueur de la politique pénale en matière de stupéfiants.

Rééquilibrer la politique pénale : La quête de justice et de droits

Au cœur de la réflexion de Béchir Saket Bouderbala réside la nécessité de repenser la politique pénale liée aux drogues en France, en se libérant de l’engrenage de l’autopoïèse législative et en recherchant des solutions équitables et justes. Béchir explore en profondeur la question de la sécurité routière en lien avec la consommation de drogues, tout en soulevant des enjeux plus vastes relatifs à l’éthique et à la responsabilité.

1. Évaluer les politiques de lutte contre les drogues

Béchir propose une approche fondamentale pour repenser la politique pénale en matière de drogues : une évaluation globale des politiques de lutte contre les drogues en France. Cette proposition vise à sortir du cycle perpétuel de la répression et à remettre en question l’efficacité des lois existantes. À travers cette démarche, il aspire à créer un espace de dialogue et de co-construction pour guider des réformes futures.

2. La sécurité routière comme point de convergence

La sécurité routière émerge comme un domaine de préoccupation majeur dans le débat. Béchir critique l’inefficacité des lois liées à la conduite sous influence de stupéfiants, soulignant leur déconnexion par rapport à une réponse rationnelle. Il soulève des questions sur l’utilisation des tests salivaires et la suspension automatique du permis, tout en mettant en lumière les conséquences sociales de ces mesures sur les populations les plus vulnérables.

3. Entre émotion et évaluation rationnelle

Béchir critique la tendance à légiférer sous le coup de l’émotion, illustrée par des cas médiatiques comme celui de l’affaire Palmade. Il appelle à une approche plus éclairée et réfléchie de la politique pénale, afin d’éviter des décisions impulsives qui pourraient aggraver les inégalités et les tensions sociales. Il met en garde contre l’instauration d’une législation qui se nourrit continuellement de l’actualité et des émotions du moment.

4. Repenser les fondements de la justice et de la protection

L’essence de la bataille de Béchir réside dans la recherche d’une justice plus équilibrée et de lois conçues pour protéger les individus et garantir l’ordre social. Il exprime la nécessité de rétablir la confiance dans le système juridique en repensant les lois sur les drogues et en s’engageant dans des discussions ouvertes et éclairées. Il souligne l’importance de réduire le fardeau sur le système judiciaire en réformant les lois obsolètes.

5. Le débat éclairé et l’engagement de tous

Béchir appelle à un dialogue ouvert, impliquant divers acteurs tels que les syndicats de policiers, les gendarmes et les représentants de l’ordre, ainsi que la société civile et les experts. Il souligne l’importance d’une collaboration constructive pour élaborer des solutions équilibrées et justes. Il aspire à réunir toutes les voix pour aboutir à des réformes qui reflètent les valeurs de justice, d’éthique et de protection des droits.

Le mot de la fin

“La lumière toujours est tout près de s’éteindre. La vie toujours s’apprête à devenir fumier. Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini”

Paul Eluard

L’échange avec Parlons Canna révèle des perspectives cruciales sur les enjeux liés au cannabis médical et aux politiques de lutte contre les drogues en France. Les analyses approfondies et les idées partagées avec Béchir mettent en lumière la nécessité d’une réévaluation et d’une réforme. La mobilisation collective et la prise de conscience sont essentielles pour engager un débat éclairé et élaborer des solutions plus équitables. 

Rendez-vous dans un prochain épisode pour de nouvelles discussions plus enrichissantes sur le sujet du cannabis et du CBD en France et au-delà.