Mohamed Bensaada : Legalize it ! Pour une légalisation sociale du cannabis et de ses usages

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ParlonsCanna

Aujourd’hui, Parlons Canna a l’honneur de recevoir Mohamed Bensaada en tant qu’invité. Mohamed est un ancien candidat LFI, fondateur de l’association Quartier Nord/Quartier Fort et du syndicat des quartiers populaires de Marseille. Il est également l’auteur du livre “Legalize It”, paru récemment. Cet ouvrage plaide pour une légalisation sociale du Cannabis et de ses usages. Mohamed est confronté depuis des années aux violences liées au commerce illégal de stupéfiants dans les quartiers populaires, en particulier à Marseille où il réside. Il est convaincu que la légalisation du cannabis pourrait mettre fin à ces violences et contribuer à réduire le nombre d’assassinats dans les quartiers nord. Avant de parler de cannabis, découvrons Mohamed humainement et politiquement.

Qui est Mohamed Bensaada?

Mari, père et professionnel en électroradiologie médicale à la Timone, Marseille. Du point de vue associatif et politique, il est engagé dans le syndicat des quartiers populaires de Marseille, Quartier Nord/Quartier Fort et la France Insoumise. Il a été candidat pour l’Union Populaire Écologique et Sociale, où il a échoué face au Rassemblement National au 2ᵈ tour. Il continue à se battre pour ses convictions malgré les défaites politiques.

Sa relation avec le cannabis et le reggae: une approche pragmatique et romantique

Selon Mohamed, pour éviter les clichés, il est important de comprendre la relation entre le cannabis et le reggae. Les rastafaris ont une relation spirituelle avec cette plante, la considérant comme un outil de transcendance. Pour lui, sa relation avec le cannabis est davantage romantique que pratique, inspirée par les textes de Marley. Le reggae lui a permis de se connecter à une dimension qui lui parlait profondément, même en tant que petit garçon des quartiers populaires de Marseille. C’est pourquoi, même s’il n’a jamais vraiment fumé, il continue à apprécier la musique et la culture reggae.

Retour aux origines de la prohibition

Mohamed explique que jusqu’au décret Mazo en 1970, le cannabis était légal en France. La drogue a été mise dans l’illégalité en même temps que d’autres drogues après l’adoption de la loi de 1970. Les raisons de cette prohibition doivent être examinées en revenant aux interviews des personnes qui ont élaboré cette loi. Après Mai 68, la droite avait associé la consommation de drogues, en particulier de cannabis, à l’hystérie de la jeunesse. Cette analyse a conduit à une approche moraliste de la prohibition.

Les conséquences néfastes de la prohibition

La prohibition du cannabis a entraîné une explosion de la consommation non encadrée, sans campagnes de prévention et sans suivi de la qualité des produits. Les taux de THC ont augmenté considérablement, atteignant jusqu’à 40%. La prohibition a également empêché la réalisation d’études sur les effets de la consommation de cannabis, notamment sur les maladies psychiatriques. Mohamed estime que la prohibition réduit la problématique de la légalisation du cannabis à un problème de sécurité, alors qu’il s’agit avant tout d’un enjeu de santé publique.

Le bilan de la prohibition : un échec total

La prohibition du cannabis est un échec total sur le plan sécuritaire, sanitaire, économique et social. Comparé à d’autres pays, la France est à la traîne en termes de consommation de cannabis chez les jeunes. Mohamed rappelle qu’une mission parlementaire transpartisane a conclu que le bilan de la prohibition doit être dressé. Selon lui, le bilan ne peut être que négatif à 100%.

La politique en France et son statu-quo sur le sujet du cannabis :  un éventuel impact sur les élections?

Problème de la classe politique française

Mohamed croit que la classe politique française manque de courage, en particulier pour les questions relatives au cannabis et à sa légalisation. Il croit que les politiciens parlent de sujets qui ne sont pas au cœur des vies des Français. Pour lui, la question du cannabis reste taboue, bien qu’elle puisse changer la vie de millions de personnes en France. En effet, elle pourrait améliorer leur santé physique et psychologique, surtout pour les jeunes.

Rapport parlementaire et sondages

Mohamed cite un rapport parlementaire de 2020 porté par Caroline Janvier. Ce dernier a mené une enquête auprès de près de 250 000 personnes sur la question du cannabis. Il estime que cela montre le décalage entre l’opinion publique française et les décisions politiques prises sur cette question. Selon lui, les politiciens perdent leur courage au fil des élections. Il est temps de faire quelque chose pour sortir de la prohibition.

Hypocrisie politique

Mohamed pense que les politiciens français sont hypocrites en matière de drogue. Ils devraient plutôt combattre la drogue de manière supranationale et internationale, plutôt que de s’en prendre aux usagers et aux petits dealers de quartier. Il croit que la gauche aurait tout intérêt à restructurer son discours sur la sécurité en proposant des solutions pour la légalisation du cannabis.

Un manque de courage politique vis-à-vis de la légalisation du cannabis : est-ce dû au pouvoir des votants plus âgés qui s’y opposent généralement ?

Mohamed est tout à fait d’accord avec l’analyse selon laquelle Emmanuel Macron voulait seulement ouvrir un débat sur la légalisation du cannabis, pas exprimer sa propre position. Le climat politique actuel est porté par le clientélisme à l’échelle nationale, où l’opinion publique est décortiquée et catégorisée pour voir quel discours sera le plus profitable. Mais cela pourrait aussi être l’occasion de mobiliser les non-votants et d’utiliser la légalisation du cannabis comme fleuron de campagnes plus égalitaires et solidaires. Pour Mohamed, la légalisation du cannabis est une mesure de justice sociale qui promeut l’égalité des droits plutôt que la simple égalité des chances. En mettant en place un modèle économique par la légalisation, on espère une plus grande égalité des droits et un éloignement de la politique de la ville vers la norme.

Un candidat pro-légalisation du cannabis pourrait-il s’opposer au Front National lors des prochaines élections en France ?

Il existe déjà un candidat pro-légalisation du cannabis en France, en la personne de Mélenchon. Mohamed estime que le parti de Mélenchon, La France Insoumise, assume pleinement cette position. Pendant la dernière mandature, avec seulement 17 députés, La France Insoumise a déposé un projet de loi sur la légalisation du cannabis avec un volet social, qui a été rejeté. Mohamed pense qu’il y a encore du travail à faire sur l’analyse et les propositions, notamment sur la manière d’aborder les “petites mains”. Toutefois, le fait de vouloir transférer la mission ministérielle du ministère de l’intérieur au ministère de la Santé est déjà un changement significatif dans la façon d’aborder le problème. Concernant Mélenchon, il a défendu cette position.

Combat politique : des questions pièges lors du débat que tu as perdu au second tour ?

Selon Mohamed, il n’y a pas eu beaucoup de débats sur la légalisation. Les partisans de la prohibition ont compris qu’ils avaient tort. Il n’y a aucune preuve de glissement vers d’autres drogues et la consommation de cannabis est différente. La plupart des gens ont déjà consommé du cannabis en France. Cela ne représente pas un problème de santé publique comme les autres drogues. Il n’a pas été interpellé sur ces questions sauf pour essayer de le disqualifier rapidement en le traitant de laxiste. Selon lui, la question de la légalisation est souvent négligée par les politiques. C’est une lâcheté car même les personnes âgées évoluent sur cette question.

Stratégies et solutions pour sortir de l’impasse politique sur la légalisation du cannabis

Pour Mohamed, Parlons Canna fournit des outils pédagogiques et de vulgarisation pour mieux comprendre certaines problématiques. Les experts partagent leur expertise et expérience pour expliquer les choses telles qu’elles sont, plutôt que telles qu’on les imagine. Le cannabis est souvent considéré comme une drogue de bougnon en raison d’un a priori culturel et d’un historique complexe remontant aux croisades. Alors que certaines drogues licites sont acceptées, le cannabis reste stigmatisé en tant que drogue étrangère, menaçant la culture et le patrimoine.

Le cannabis, une histoire géographique et historique complexe

Le rapport entre la violence des réseaux de cannabis et sa géographie historique n’est pas direct. Cette drogue n’a pas été découverte au Maroc, mais sur les contreforts de l’Himalaya il y a 12 000 ans. Bien que le Maroc soit aujourd’hui un gros producteur de cannabis, le trafic provient également d’Amérique du Sud, transitant par Amsterdam et les ports de Belgique. Pour résoudre le problème, Mohamed ne propose pas de solution politique concrète. Il considère que la légalisation devrait devenir un objet politique majeur et être installée dans le débat politique. Selon lui, s’il y a une mobilisation forte de la gauche sur cette question. Il est convaincu que la prohibition sera bientôt un vieux souvenir.

Deal de drogue et de cannabis : la réalité des quartiers

Mohamed explique que la réalité de la situation des quartiers populaires où se vend du cannabis est contrastée. Chaque quartier a son propre quotidien, histoire et micro culture. Dans la plupart des quartiers, les gens savent où se trouvent les points de vente et pour certains, c’est un commerce comme un autre. Le trafic de cannabis est même considéré comme l’un des plus gros employeurs des quartiers populaires de Marseille. Là-bas, plus de 200 000 personnes pourraient vivre de ce marché. Cependant, tous les quartiers ne se ressemblent pas. Certains peuvent être extrêmement problématiques en cas de tension entre les réseaux. Cela peut entraîner des assassinats. Mohamed ajoute que le trafic de cannabis est une activité commerciale illégale. Cependant, les vendeurs ont tout intérêt à assurer la sécurité des acheteurs pour qu’ils reviennent, ce qui montre une logique capitalistique.

L’impact réel de la présence du trafic de drogue dans un quartier

Dans la plupart des quartiers, les activités illégales sont menées discrètement, avec des repères connus seulement des habitants. La vente illégale de cannabis est un exemple, souvent entreprise pour gagner de l’argent plutôt que pour défier la loi. Dans certains quartiers, cette économie parallèle est la seule option pour gagner de l’argent, en l’absence d’autres perspectives. Les tensions entre les différents groupes peuvent rendre la vie difficile pour les habitants. La politique de la ville et les fonds alloués à la rénovation des quartiers populaires sont souvent critiqués, mais la réalité est que ces quartiers ont besoin d’investissements et de restructuration économique et sociale pour sortir de cette impasse. Les habitants des quartiers populaires devraient être prioritaires pour bénéficier de ces investissements plutôt que de financer les retraites grâce à des activités illégales.

La solution pour arrêter la politique de la ville: la légalisation sociale

Sous ce titre, il est suggéré de mettre fin à la politique de la ville en France en considérant chaque centimètre carré du territoire de la République française de la même manière en termes de droit et de devoirs. La légalisation sociale est considérée comme un outil essentiel pour y parvenir. En 2019, à Quartier Nord Quartier Fort, lors des États généraux de Marseille, un fléchage fiscal avait été proposé, mais il s’avère que ce n’est pas constitutionnel en France.

Toutefois, si les lois organiques étaient modifiées, une partie des bénéfices de la légalisation pourrait être consacrée à la revitalisation des quartiers et à une forme de souveraineté économique. Cela pourrait aider à reconstruire les écoles délabrées et aider les boursiers qui travaillent chez McDonald’s et qui ont du mal à poursuivre leurs études. Les États-Unis sont plus avancés sur ces questions, avec des modèles économiques qui pourraient inspirer la France. Par exemple, le Colorado a rapporté près de 400 millions de dollars de recettes fiscales en 2018. Elles ont été utilisées pour la rénovation des écoles et pour aider les boursiers de la ville de Pueblo.

La déconnexion des politiques en France vis-à-vis de la lutte contre la drogue

En France, en 2018, il y a eu une déconnexion totale entre les politiques et la réalité concernant la lutte contre la drogue. Selon Darmanin, près de 1,2 milliard d’euros ont été investis, mais avec peu de résultats. Un rapport parlementaire a révélé que près d’un million d’heures ont été consacrées par la police, la gendarmerie et les douanes au harcèlement des usagers, des consommateurs et des vendeurs de cannabis. Ce gaspillage de temps et d’argent est frappant.

Parlons Canna est un outil pédagogique qui peut aider à former les militants politiques sur la question de la légalisation du cannabis, qui est souvent considérée comme un problème accessoire. En réalité, c’est un problème central qui mérite une réflexion plus approfondie.

Les conséquences dramatiques des descentes de police sur les consommateurs de cannabis

L’image est choquante mais vraie: les descentes de police pour fermer les points de vente de cannabis ne font qu’empirer la situation. Les spots rouvrent souvent à quelques mètres de là, et les consommateurs se retrouvent encore plus endettés. Pire encore, ces opérations policières peuvent condamner à mort certains consommateurs, car ils s’endettent auprès de criminels qui n’hésitent pas à user de la violence. Les autorités savent pourtant tout cela et doivent donc prendre leurs responsabilités face à cette situation dramatique.

La futilité de la prison dans la lutte contre la drogue

Les prisons sont surpeuplées avec une majorité de détenus liés au trafic de drogue. Après leur libération, ces détenus ne trouvent pas d’emploi ni ne reçoivent une formation adéquate, ce qui les amène à revenir dans le trafic de drogue.

Mohamed cite une phrase d’une chanson de Akhenaton. Celle-ci démontre comment les autorités ne comprennent pas que la prison ne change rien à la situation des détenus. Au contraire, la prison leur donne l’opportunité de se faire des connexions et de développer leur réseau de criminalité plus rapidement.

C’est un morceau qui s’appelle La Cosca où il cite le parcours d’un criminel lié à la mafia. Il se dit à un moment donné:

“mais comment les autorités comprennent pas qu’en un an de prison ou 10 ans dehors, j’ai les mêmes connexions? En réalité, quand tu es en prison, si tu ne finis pas fou, violé, ou tué, tu finis par te faire un réseau dix fois plus vite qu’à l’extérieur. C’est l’école du crime”.

Selon Mohamed, la prison ne peut pas être considérée comme une solution à long terme pour lutter contre le trafic de drogue. Il faut envisager des solutions alternatives telles que la formation, l’emploi et l’éducation pour sortir les gens de la spirale de la criminalité.

Quel est le meilleur chemin de légalisation ?

Les modèles préexistants de légalisation de la drogue sont déjà en place dans chaque pays, en fonction de leur culture et de leur histoire. Chaque modèle est unique et le modèle français sera différent de celui de l’Allemagne, qui est sur la voie de la légalisation. Le modèle uruguayen est considéré comme le modèle absolu, malgré ses difficultés initiales. Leur approche novatrice a permis de réduire le marché noir, mais leur tarification initiale était trop élevée. Ils ont cependant encouragé la production locale en utilisant une franchise octroyée par les pharmacies. Le modèle français devrait prendre en compte l’histoire contemporaine de la drogue et ses effets sur les quartiers populaires. La légalisation de la drogue n’est pas une histoire de revanche. C’est plutôt une opportunité de réfléchir à une approche adaptée à la situation de chaque pays. Même l’État de New York a décidé de légaliser la drogue.

Une considération sociale et ethnique de la légalisation 

Aux États-Unis, la priorité est donnée aux personnes qui ont déjà eu des problèmes judiciaires. C’est une considération ethnique en raison des statistiques qui montrent que les Afro-Américains sont souvent condamnés pour possession, vente ou usage de cannabis. En France, la considération est plutôt sociale, mais il faut réfléchir à des modèles similaires. Le fléchage fiscal est une proposition pour obliger l’État à allouer une partie des bénéfices de la vente de cannabis à un budget spécifique.

Les craintes liées à la légalisation du cannabis en France

Aujourd’hui, la France compte 2500 boutiques vendant du cannabis légal, avec la présence d’anciens dealers. Les consommateurs de CBD sont aussi des consommateurs de THC, même si les deux substances ont des différences. La question principale est comment le cannabis sera légalisé en France. Les inquiétudes se portent sur le modèle économique choisi, car le modèle de l’entrepreneuriat n’est pas celui défendu. Si la légalisation devait arriver, les arguments forts en faveur du cannabis CBD existent déjà. Cependant, il faut trouver des compromis pour assurer une légalisation réussie. Il y a une crainte concernant le modèle économique et l’impact sur la société.

La légalisation du cannabis doit résoudre les problèmes sanitaires et sociaux

Je crains que la légalisation ne résolve que le problème économique et juridique, et non le problème sanitaire et social. Il est crucial qu’elle apporte une réponse à la santé publique et à la problématique sociale, notamment dans les quartiers populaires. Le modèle économique actuel de l’entrepreneuriat ne répond pas à mes attentes. C’est pourquoi je rejoins les parlementaires qui proposent un pôle public pour contrôler la production et la distribution du cannabis. Bien que cela ne soit pas la tradition française, je suis inspiré par le modèle uruguayen et canadien.

On ne peut pas réprimer le cannabis en prétendant qu’il n’existe pas. Le CBD et sa filière existent, et cela doit être pris en compte. Les acteurs de cette filière ont de l’expérience, de l’expertise et une logistique déjà en place. Mais il ne faut pas oublier que c’est un problème sanitaire qui doit être géré par le ministère de la Santé.

Le potentiel écologique du cannabis

Mohamed compare la légalisation du cannabis au Canada avec celle de l’Uruguay. Il évoque également les avantages écologiques du cannabis. La plante peut aider à la conversion agricole et être utilisé pour la production de fibres et de matériaux d’isolation. Mohamed souhaite éviter une légalisation libérale et préconise un système contrôlé par le ministère de la Santé. Il soutient également l’idée de permettre aux personnes vendant actuellement du cannabis illégalement de passer dans la légalité sous certaines conditions. Pour lui, les recettes fiscales doivent être utilisées pour aider les quartiers populaires.

Une collaboration possible entre agriculteurs et quartiers populaires

S’il est vrai que le modèle économique de la légalisation du cannabis ne sera pas facile à mettre en place. Il est possible de réfléchir à des collaborations entre différents acteurs. Pourquoi ne pas s’inspirer de projets comme celui de la métropole de Marseille, qui souhaite favoriser la souveraineté alimentaire en zone urbaine ? En effet, il existe des zones agricoles en perdition dans les environs de Marseille. Là-bas, des agriculteurs pourraient s’installer en collaboration avec des habitants des quartiers populaires et des lycées professionnels de formation à ces filières écologiques. Mohamed souligne que la détresse des habitants des quartiers populaires est la même que celle que vivent les agriculteurs. Il n’y a pas d’opposition entre ces deux groupes. C’est une occasion de construire ensemble une économie plus solidaire et plus durable.

Le modèle français de la légalisation : construit par le débat

La légalisation en France doit être construite par le débat. Même si les réseaux de distribution, la production agricole, la formation et les filières préférentielles, les circuits courts, etc. ne sont pas simples à mettre en place, il faut y réfléchir ensemble. Bien sûr, il faudra faire des compromis, mais cela ne doit pas empêcher la conviction. La légalisation ne doit pas être complètement libérale, car cela serait un échec. Il ne faut pas non plus la rendre trop collective.

Les buralistes et les vendeurs de CBD seront sur les rangs pour reprendre ce marché, mais ils ne seront pas les seuls acteurs du débat. La frilosité de la France en matière de légalisation est un véritable problème, notamment pour le cannabis à usage thérapeutique. Il est temps que la France s’ouvre à cette problématique, qui est déjà légalisée dans de nombreux pays. Il est important d’assumer notre personnalité de râleur français, avec nos contradictions, pour trouver un chemin ensemble. Quand la légalisation sera en place, elle permettra de créer des emplois et d’améliorer la situation sociale dans nos quartiers.

“Legalize it”: plaidoyer pour une légalisation sociale du cannabis

Le livre de Mohammed Bensaada, “Legalize it”, est disponible dans toutes les librairies, mais pour l’instant pas en ligne. Si vous êtes à Marseille, vous pouvez vous rendre à la librairie Courte Échelle, située Boulevard de la Libération. Dans cet ouvrage, l’auteur partage son parcours de militant, sans faire appel à des arguments d’autorité. Tout est basé sur son expérience personnelle et sur des propositions ouvertes au débat. L’objectif est de réfléchir ensemble, d’être d’accord ou pas, mais surtout de monter en niveau d’argumentation. L’auteur veut notamment débattre avec les détracteurs de la légalisation et de la prohibition, en leur demandant comment expliquer leur échec violent.

Ce livre est un essai politique qui expose les convictions de l’auteur sur la légalisation sociale du cannabis, en mettant en avant l’importance de la justice et de l’égalité des droits. Mohammed Bensaada n’est pas un expert en la matière. Cependant, il souhaite partager sa voix et son chemin de réflexion avec les lecteurs. Il explique que les convictions se raffermissent avec le temps et que l’on devient légaliste, comme on devient féministe ou écologiste. Pour lui, c’est le reggae, le rap et la série télévisée “The Wire” qui l’a amené à cette conviction. Dans cet essai, il retrace son cheminement et les idées qui ont évolué au fil du temps. Il aborde également la nécessité de se mettre autour de la table pour débattre et éviter les projets tout ficelés. L’auteur a écrit ce livre avec humilité et espère que les lecteurs y trouveront matière à réflexion, même s’ils ne sont pas d’accord avec ses idées.

Le mot de la fin

Bob Marley évoque dans sa chanson “Jump Nyabinghi” l’utilisation de la ganja en affirmant 

“we ain’t got nothing to lose : Si cette herbe existe, ce n’est pas pour qu’elle soit gaspillée”.

Au terme de cette interview enrichissante, nos remerciements à Mohamed Bensaada que nous espérons revoir bientôt. Parlons Canna vise à éduquer les auditeurs sur le monde en constante évolution du cannabis légal et du CBD. Grâce à une variété d’interviews avec des experts de divers horizons tels que des politiques, des addictologues, des avocats, des policiers et des agriculteurs, les auditeurs peuvent se faire une opinion éclairée sur le sujet. Nous avons hâte de partager le prochain épisode avec vous la semaine prochaine.