Qéhie Jasari et Karim Abbou : le cannabis au cinéma

ParlonsCanna
Aujourd’hui nous allons parler du cannabis au cinéma avec Qéhie Jasari et Karim Abbou. Qéhie est productrice chez Cocktail Movies depuis 2019. C’est une compagnie de production indépendante à Paris et à Los Angeles, spécialisée dans les longs métrages, les séries et les films documentaires.
Quant à Karim, il est cinéaste français, auteur de deux longs métrages, Ennemis Publics avec Charles Aznavour, et Old School avec Kader Ayd. Nos deux invités vont présenter un projet commun, une fable contemporaine intitulée 4:20 Festival Green Palm. Sans plus tarder, voici tenants et aboutissants de leur aventure.
Le pitch du film
C’est l’histoire d’un français à qui Pablo Escobar a remis une palme de cannabis. En allant à Los Angeles, il découvre que la plante y est légale. À son retour en France, dans son petit village conservateur, il décide de déroger à la règle et organise une compétition internationale, la fameuse cannabis cup.
Parles-nous de toi Qéhie
“J’ai travaillé dans le cinéma et la télé depuis 17 ans. A la fin de mes études en 2004, j’ai monté Cocktail Production, et produit une vingtaine de documentaires. J’ai aussi un peu sillonné l’Europe et l’Amérique latine avant de rencontrer Karim il y a 3 ans. On s’est connus grâce à un ami commun, ce qui m’a permis de lire le scénario du film. J’en suis tombée sous le charme, alors je l’ai rejoint pour le projet 4:20.
Avec Isabel Marcenaro, on voulait repartir sur une nouvelle structure et on a créé Cocktail Movies, plus axé sur les longs métrages et les séries télé ».
Qui es-tu Karim?
« Je me décris comme un cinéaste responsable. A 54 ans, je n’a ni femme ni enfants, et j’ai consacré toute ma vie au cinéma. C’était très dur de faire des films à notre époque, mais j’ai eu la chance de rencontrer deux productrices qui me comprennent, Qéhie et Isabel.
Ça fait 15 ans que j’essaie de monter le projet 4:20. J’ai connu les premières cannabis cup en allant à Amsterdam, et aussi rencontré Snoop Dogg et Dre. Pour le scoop, ils feront partie du film, qui est aussi à caractère musical. On veut arriver hors piste et faire un événement mondial. Ce n’est pas une question de budget mais plus une question artistique pour qu’on soit libres ».
Quels sont tes films ?
“J’ai fait deux longs métrages, dont le premier est sorti en 2000 à Cannes. Il s’agit de OLD SCHOOL, un film en numérique jamais sorti à la télé mais seulement au cinéma. C’était du jamais vu! Le film a été réalisé en 120 jours avec 200 balles en défi à Luc Besson et Pierre-Ange Le Pogam. Ils m’ont demandé d’arrêter le hors-piste pour faire des films avec eux. Mais j’ai toujours préféré jeûner avec les aigles que de picorer avec les poules. A 54 ans, je suis toujours le même, sauf que j’ai mis de l’eau dans mon vin et arrêté le hors-piste. Il y a une communauté de plus d’un million de personnes qui me suit. Je suis aussi un militant de la première heure. Tout le monde me connaît, mais je suis le plus inconnu des mecs connus. Aujourd’hui, nous avons bien avancé sur le projet. On a tourné jusqu’à Los Angeles. C’est un film intéressant à faire, mais à ne pas faire comme on le fait en France”.
Pourquoi avez- vous choisi le sujet du cannabis?

“Personnellement, je trouve qu’en France on ne parle pas assez du cannabis. Pourtant, c’est une plante hallucinante, … Je ne fais pas l’apologie de l’herbe, au contraire je trouve qu’il n’y a jamais eu de débat, alors que c’est un débat dans le monde entier. En France, ça attire surtout la délinquance alors que les autres pays font fortune avec le cannabis”.
Qéhie, pourquoi as-tu voulu être productrice de ce film?
“Tout d’abord, je suis naturopathe et je connais bien le cannabis et ses vertus. Ensuite, en rencontrant Karim et son enthousiasme en tant que réalisateur, je me suis dit « on va sortir ce film”.
C’est quoi concrètement le job de productrice?:
“Il y a plusieurs métiers de producteur. Le producteur délégué est celui qui trouve l’argent pour faire le film. Le producteur exécutif est plus un producteur embauché par une société qui délègue l’exécution du film. Moi, je suis productrice déléguée, Executive producer en Amérique, et je trouve l’argent pour faire ce film. C’est un film à petit budget, entre 1M et 1,5 M, car nous sommes une production indépendante ».
Avez-vous déjà trouvé des partenaires?
“C’est en cours. L’objectif est de monter ce film hors piste, c’est-à-dire en dehors des sources de financements classiques en France et en Europe. L’idée, c’est de rencontrer toute une communauté liée au cannabis au 420 et de les faire adhérer à notre projet”.
Avez-vous déjà eu les financements?
“On ne les a pas encore. Vu le sujet, c’est très compliqué. On ne sera pas soutenus par les organismes publics. La région est la seule à prendre le risque. D’ailleurs, ils ont vu le nouveau label cannabis Nouvelle Aquitaine et sont intéressés par le projet.
Hors Piste, c’est aussi pour garder le contrôle sur ce que vous faites?
Qéhie:
“Oui, pour pouvoir communiquer autour du film et en parler comme on aimerait en parler ».
Karim:
“Comme je l’ai dit, je préfère jeûner que de picorer. Je suis un cinéaste, j’ai fait un choix et j’en subi les conséquences. Pour moi, les films prêts à être achetés sont sans aucune surprise ».
Parle-nous un peu de ton business
“C’est un film qui va être vu par des millions de gens, qui vont vouloir faire le premier achat pour la chaîne. J’ai fait la même chose pour mes deux premiers longs métrages. A mon petit niveau, c’est moi qui ai créé l’événement.
Si on fait 420 avec toute la communauté du cannabis et du CBD pour un euro symbolique, on peut faire des tee-shirts, des mixtapes,… Il y a tout un business autour du film ».
Est-ce que tu veux travailler avec des marques?
“Côté merchandising, j’ai contacté Nike. Ils ont fait un modèle de basket à 420 balles. Pour moi, c’est purement du placement de produit sur un événement mondial à Cannes, le marché mondial du film.
Ce qui est bien aussi, c’est le crédit d’impôt. Avec Qéhie, on essaie de contacter des gens qui paient plus de 100 000 $ d’impôts par an, et de les mettre dans notre boîte de prod. Par ailleurs, on cherche aussi des investisseurs particuliers.
A Los Angeles je prépare le son pour la BO avec Dre, en essayant de mettre en avant toute une culture, … Là-bas, il y a ce qu’on appelle une Secret Session. C’est une session où il y a un DJ, et toute la communauté du cannabis est au courant de l’événement. Des gens qui viennent d’Arkansas, du Nevada, de l’Alabama, pour marier des têtes de weed pendant une soirée de malades”.
Ton plan c’est de réunir toute la tribu du cannabis?
“Nous les avons déjà rencontrés. On peut arriver à Cannes avec nos têtes américaines en 2024. On travaille aussi des super créateurs et des gens qui ont de l’esprit. Ce n’est pas un film de shiteux, mais une fable contemporaine avec un débat. Ça se passe en France où il faut qu’on arrête l’hypocrisie. Le tabac ne rapporte rien à l’Etat, les caisses sont vides! Mettez le shit pour soulager la douleur dans les maladies comme la sclérose en plaque, … En même temps, je n’incite pas les mineurs à fumer. Je suis un cinéaste responsable et je ne fais pas l’apologie du shit”.
Parle-nous du casting
“Dès qu’on signera le contrat et qu’on aura l’argent, on mettra la caméra et on fait 4:20 min de podcast par jour sur la prod. Plus de 4 millions de personnes vont arriver dessus. On filmera jusque dans les coulisses, et des stars vont aussi y participer”.
Comment la communauté pourrait-elle rejoindre votre aventure?

Karim:
“On a prévu deux formules pour les entreprises et les particuliers pour le placement de produit. La partie Los Angeles est réservée aux puristes qui seront 10 jours en première classe, et pourront même participer au tournage. Ils peuvent nous rejoindre sur le site internet de Cocktail Movies”
Qéhie:
“On s’adresse aussi à ceux qui veulent faire partie de l’aventure et qui n’ont pas forcément envie de placer un produit mais qui adorent le projet. Ils peuvent investir et partir avec nous, être coproducteur du projet. Ils toucheront un pourcentage à la clé sur la rémunération au titre de l’argent qui a été mis sur la table”.
Comment avez-vous prévu de le diffuser?
« On a prévu de présenter le projet en 2023 et l’événement mondial à Cannes sera pour 2024. L’idée, c’est de trouver des distributeurs, et de faire circuler le film à l’international. Indice, Sami Ameziane dans le comte de Bouderbala a le premier rôle”.
Etes-vous soutenus par les associations?
“Oui, nous sommes en contact régulier avec l’UPCBD. On a aussi rencontré des fabricants belges et commencé la prospection pour les personnes dans le film.”
Qu’est- ce qu’il vous faut d’autre aujourd’hui?
Karim :
“De l’or pour les braves!”
Qéhie:
“On va avoir besoin de beaucoup de figurants pour deux grosses scènes dans le scénario. Je pense que la communauté va nous rejoindre à un moment donné”.
Le mot de la fin
Karim
“Ce n’est pas un film cher, mais un film cinématographique. Ce n’est pas non plus l’apologie du cannabis mais une fable. C’est très sérieux, et on fait passer un message qui peut faire réfléchir en haut lieu. C’est du cinéma made in la France.
Je suis partenaire de tous les mecs de France et du monde entier qui veulent venir sur ce projet. J’ai un profond respect pour eux, et c’est avec ces personnes qu’on va pouvoir faire quelque chose d’original.”
Qéhie
“Welcome à tous ceux qui veulent faire partie de l’aventure, on vous attend!”
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