Mister Green – Can High Kick It: fais ce qui te plais, connais tes limites

ParlonsCanna
Dans ce nouvel épisode, nous accueillons Mister Green, fondateur, administrateur et présentateur de Can High Kick It, le média éthique du cannabis. C’est un talk show, ou plutôt un smoke show, dédié à la culture cannabique, où plusieurs thématiques sont abordées, entre autres la culture, la légalisation, le respect de la nature, etc. On parle aussi d’actualités, avec des invités, notamment des rappeurs. L’objectif est de faire évoluer les mentalités et de mieux faire connaître cette plante stigmatisée, dans la même veine que Parlons Canna.
Entre strike youtube et shadow banning, Green ne lâche rien. Ses vidéos totalisent plus de 100 000 vues et il collectionne les followers. Sur la saison 2, ils sont une dizaine de milliers. Aujourd’hui, il se livre au micro de Parlons Canna. Découvrons ensemble sa personnalité, son parcours et ses révélations.
Pourquoi Mister Green?
Le surnom Green est inspiré d’un hollandais qui avait fait une vidéo YouTube montrant comment transformer son garage en deux espaces de culture de cannabis hydroponique. L’un pour la croissance, et l’autre pour la floraison. Cette vidéo devenue virale avait bercé la jeunesse de Green et de ses amis de la génération 90. C’est avec cette vidéo qu’ils ont tout appris. Mais personne n’a jamais su qui était cet homme, qui avait mystérieusement disparu des radars.
“Green, c’est en hommage à ce mec”.
Les débuts de Mister Green avec le cannabis
Aujourd’hui, Mister Green a 31 ans. Enfant, il était déjà un élément perturbateur. Comme il est dyslexique et avait du mal à rester concentré, il n’était pas très bon à l’école. A la fin du collège, il ne pensait qu’à jardiner, une passion héritée de son grand-père. Va pour un BEP horticole production florale.
Son côté dark commence à se révéler vers l’adolescence. Il faisait partie de la génération prohibition, celle qui fumait à 12 ans. Dernier d’une famille de quatre enfants où tout le monde tirait un joint, il a longtemps vécu sous la fumée du cannabis, à tel point qu’il voulait en faire son métier. En réalité, un événement majeur en a été le déclencheur. Un jour, alors que ses potes lui avaient proposé un joint, il trouve du verre pilé dans l’herbe et refuse d’y prendre part. Ses amis prennent le risque et se retrouvent à vomir du sang.

Après cet incident, le jeune Green tente de faire comprendre à sa mère qu’il avait le choix entre s’intoxiquer avec du cannabis frelaté ou cultiver son herbe à la maison. Pharmacienne de métier et spécialisée dans l’homéopathie, elle était consciente des enjeux que cela représentait et avait fini par céder. Il commence donc à cultiver sa weed dans un box, en novice. A l’époque, il n’était même pas capable de différencier les plantes mâles et femelles.
A la découverte du monde de la pré-légalisation du cannabis
En parallèle, il passe le bac et poursuit ses études en BTS production florale. Cela lui a permis de côtoyer les serres. Son boulot consistait à passer la chaux sur les toits. C’était un travail très physique, qui ne rapportait pas beaucoup. Bref, ce n’était pas un métier d’avenir.
Finalement, Green décide d’abandonner le BTS et s’en va avec un ami dans le sud, destination Toulouse. Pendant son congé sabbatique, il se rapproche d’un shop de matériel de jardinage, plus précisément, un magasin de cannabiculteur. Il se présente au patron, lui expose ses compétences dans l’espoir d’obtenir un travail. Ce dernier lui propose de s’occuper du jardin. Pas intéressé, il achète le matériel, cultive et revient pour montrer sa belle récolte au patron qui n’en revenait pas. Encore une fois, celui-ci lui propose de travailler au jardin, peut-être pour devenir paysagiste plus tard. Green n’avait que 20 ans, et avait besoin d’argent. Il accepte donc la proposition et se met à cultiver mieux que les autres pour faire ses preuves.

Après un essai concluant, il grimpe les échelons et intègre la boutique. Au départ, ils étaient quatre à y travailler, mais au final il n’en restait plus qu’un, lui. Ce travail lui a montré un côté insoupçonné du cannabis. En effet, il a pu se mettre en contact avec des personnes qui préparaient des palettes d’hydroponie en provenance d’Espagne. Cette rencontre a été décisive pour la suite, car il s’avère que ces personnes participaient aux cannabis cup en Catalogne. A partir de cet instant, Green découvre le monde de la pré-légalisation.
La red line par Mister Green
Petit à petit, la boutique où il travaillait allait moins bien. Il a été susceptible de la reprendre, mais il décide de passer son chemin. Avec son carnet d’adresse bien fourni, il part à la conquête du monde du cannabis. Le mot d’ordre était :
“Fais ce que tu veux, reste borderline”.
Pour lui, la ligne rouge était de ne pas vendre de l’herbe illégalement, ni de produire plus que ce qu’il ne faut. Il était aussi sélectif dans ses relations. A cette époque, le cannabis était un sujet tabou. La ligne rouge, c’était surtout de garder son jardin secret.
En réalité, Green a toujours aimé vivre caché. Pas question de se mettre en avant. Par exemple, il aimait dessiner des graffitis, mais seulement la nuit à l’abri des regards. Il aime aussi la musique et en a même fait son métier pendant un moment. En effet, il avait un groupe de hip hop mais n’a jamais fais du rap sur scène. Sa place a toujours été derrière, à faire du mix et du mastering.
Du grower au brider
Après être resté quelque temps dans le sud, Green voulait prendre un ticket pour l ‘Espagne mais s’est rendu compte qu’il lui manquait quelque chose. Avoir des bases horticoles c’était bien, mais il lui fallait aussi maîtriser la génétique biologique. Il s’est alors rapproché du grower qui a créé le clone français au succès mondial, le Sour Diesel Riri. Ce dernier commençait justement à s’intéresser à la génétique pour devenir brider.
La sélection génétique possède plusieurs étapes. Il faut d’abord être passionné. Selon Green, un passionné ne gagne pas d’argent, mais acheter des graines à 500 euros la dizaine ne l’effraie pas. Il se fait la main sur les plantes et se rend compte de leurs différentes caractéristiques. Ensuite, il sélectionne les meilleures, les plus vigoureuses,…, et essaie différentes combinaisons. C’est comme ça qu’on devient grower. A partir du moment où on commence à aller plus loin avec les croisements génétiques, on devient brider. A ce stade, on essaie de trouver les clones élites parmi les graines. C’est un travail de longue haleine qui dure plusieurs années.
Les débuts de Can High Kick It
Après avoir appris à faire des génétiques avec Riri, Green a monté un growshop. Plus tard, ils ont pris des chemins différents, mais il est allé au bout de son rêve. Il s’envole enfin pour Barcelone, où il participe aux cup et aux salons du cannabis. Cela lui a permis de rencontrer un groupe de cultivateurs français, qui ne partageaient pas forcément la même éthique ni la même vision que lui.
“On n’avait pas le même maillot, mais la même passion”, dit-il.
Ils se sont donc associés pendant trois ans et ont réalisé de belles choses. Mais comme toute aventure a une fin, Green a voulu se dissocier de tout ça pour se concentrer sur un nouveau projet, Can High Kick It.
“Je voulais faire un truc original et différent”.
Can High Kick It? Yes we can
Comme il faisait partie de la génération YouTube, créer un média était une évidence. Au début, il ne savait pas comment l’appeler. Puis, il a trouvé une corrélation entre le rap underground et le cannabis. Cette réflexion lui est venue en écoutant Idriss Aberkane. Ce dernier disait que les grands changements se passaient en trois étapes: grotesque, dangereux, et évident. Le rap est grotesque. Dans les années 90, il était dangereux, surtout dans les métros. Aujourd’hui, il est devenu évident parce que tout le monde écoute, même les enfants.
“Can I kick it, yes we can! signifie en français, est-ce que je peux rapper, oui tu peux! On a juste remplacé le I par high, qui veut dire “planer”.

D’où est inspiré le smoke show?
Selon lui, le smoke show est inspiré de Noman Hosni lors d’un Spannabis.
“Il m’a dit, pourquoi tu fais pas ton truc? Je lui ai répondu, si je le fais tu viens? il m’a dit oui, et je te ramène du monde. Alors j’ai dit “feu”!
En Espagne, la drogue n’est pas problématique comme en France. Là-bas, il y a une loi associative qui autorise l’ouverture d’un cannabis social club. Il faut juste assez d’adhérents et de personnes prêtes à cultiver pour pouvoir se servir à des prix raisonnables. La seule condition est de ne pas fumer dehors. C’est aussi cela qui a incité Green à s’installer à Barcelone, et à monter sa propre structure. Comme il ne voulait pas s’afficher, il a fait appel à des amis pendant les deux premières saisons de Can High Kick It. Mais ils ne se battaient pas assez pour garder leur place et ne rebondissaient pas comme il aurait voulu qu’ils le fassent. Trouver des cannabiculteurs qui voulaient sortir de chez eux était aussi un défi. Ils trouvaient tous le concept génial mais n’avaient pas envie d’en parler. Pour rebondir, sa compagne lui a suggéré la rubrique qui cartonne en ce moment: Mythes et Légendes.
Qu’est-ce qui nous attend sur la fin de la saison 2 et sur la prochaine saison?
“On n’a rien sorti depuis un moment puisque nous sommes en restructuration. C’est la troisième fois qu’on revient après un strike et les GAFA nous shadow ban très fort. On essaie de monter des dossiers et des levées de fond pour être vraiment indépendants et marcher sans Youtube”.
Malgré les difficultés, Green se met au défi. Il poursuit:
“Pour l’instant, la saison 3 est en stand by. Nous restons concentrés sur des projets qui nous coûtent le moins d’argent possible, les Mythes et Légendes. Peut-être un jour un podcast avec des gens qui ont du savoir sur notre forum. On est en train de voir comment leur donner la liberté de parler tout en gardant leur sécurité”.
Ensuite, encore un projet plus fou: une cannabis cup style téléréalité en suivant les growers chez eux. Dans une cannabis cup, on récompense la meilleure variété et on oublie le grower. L’objectif est de le mettre en avant.
Demeter et les sols vivants
“Avant, je faisais de l’hydroponie et je cultivais avec des engrais minéraux. Je me disais que c’était bien alors que ça ne l’était pas ni pour ma santé ni pour la nature. Mais je ne voulais pas me remettre en question. C’est un sujet clivant qui touche au savoir des gens”.
Selon Mister Green, dès qu’on part sur des engrais minéraux pour développer la plante, on détruit tout ce qu’il y a dans le sol. Le cannabis est censé dépolluer en prenant tous les éléments perturbateurs qu’il y a dedans. C’est pourquoi ceux qui cultivent avec des engrais minéraux font du rinçage. Mais ça ne résout pas le problème puisque les cellules de la plante sont déjà intoxiquées. On a un produit final qui soulage d’un côté, et qui détruit de l’autre.
Pour solutionner cela, la société Demetearth System propose une alternative: la culture en sols vivants. On va retirer les produits chimiques et repartir sur des bases saines pour une production équivalente et de qualité supérieure. Il faut redonner à la nature, plus que ce qu’on lui a repris. Cela s’appelle la biomimétisme d’un sol, c’est-à-dire recréer la copie d’un sol excellent pour du cannabis.
“Avec Demetearth, on a des kits pour des sols vivants. C’est du plug and play pour les novices. Ils achètent un kit, mélangent et font du rempotage. C’est une facilité désobligeante, tout le monde peut y arriver”.

The High Chameleon, banque de graines de THC en sol vivant
The High Chameleon, c’est une collection de graines de cannabis THC. C’est à la fois légal et illégal, dit-il. En France, il est rare que les grandes marques produisent leurs propres graines. Elles n’en parlent jamais. Selon Green, on se résigne à acheter et à revendre des graines de collection. Mais contrairement à ce que l’on croit, la loi autorise à les faire germer, et interdit la floraison.
La question ne se pose même pas en Espagne. Le cannabis fait partie de l’agriculture conventionnelle. Avoir une licence particulière n’est pas nécessaire pour cultiver du chanvre. Les semences agricoles sont libres de droit. On peut revendre et produire des graines de CBD et de THC, à condition de détruire le reste de la récolte des graines.
La vision de Mister Green sur la politique et la légalisation en France
“Pour moi le cannabis est légal en France. A partir du moment où tu as un menu avec plusieurs variétés, que tu peux payer en transaction et que tu peux te faire livrer chez toi, c’est légal. On veut juste embêter celui qui veut faire ça plus proprement. Je pense qu’il y a vraiment un État corrompu. Si les politiciens ne légalisent pas, c’est parce qu’ils y trouvent leur compte.”
Il ajoute:
“Les dealers sont super organisés, ils ont des réseaux de distribution, des système de fidélisation de clients, des employés, un contrôle qualité. Ils font des études de marché, savent où se positionner par rapport à la concurrence. Toutes ces personnes qui sont dans l’illégalité, plus celles qui sont derrière les barreaux pour des problèmes avec le cannabis, pourraient demain devenir des chefs d’entreprise qui travaillent dans la légalité. C’est un marché qui rapporte des taxes monstrueuses aux Etats-Unis. C’est sans compter le marché indirect qu’on a du mal à calculer: les sociétés de sécurité et les banques spécialisées dans le cannabis”.
Selon Green, la meilleure possibilité du cannabis, c’est que ce soit fait par terroir comme le vin. On a un vrai savoir-faire et c’est ancré dans notre culture.
“Si le cannabis n’est pas culturellement français, Baudelaire non plus ne l’est pas. Il a acheté l’appartement au-dessus du club des Hashischins pour pouvoir descendre et se défoncer… La plante est en nous. On a un système endocannabinoïde avec des récepteurs faits pour les cannabinoïdes. Nous sommes faits pour être en contact avec la plante.
Le mot de la fin
“Le chanvre ne pourra pas sauver le monde, pourtant c’est bien le seul qui aurait pu le faire”.
C’est ainsi que cette interview s’achève. Retrouvez les vidéos de Can High Kick It sur la chaîne YouTube et sur la chaîne Vimeo.
Stay tuned pour de nouveaux épisodes de Parlons Canna saison 2.