Sébastien Béguerie [épisode 3/5]: Le buzz de Kanavape

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Dans les épisodes 1 et 2, Sébastien Béguerie fait le tour du monde en Italie, au Pays Bas et aux Etats Unis. De retour en France, son aventure se poursuit avec Kanavape, la première cigarette électronique au CBD. Le nouveau concept marquera un tournant dans l’histoire. Dans ce troisième épisode, découvrez les diverses péripéties qui vont succéder à cet avènement.
Cannabis: plus qu’un métier, une passion
Fidèle à sa passion pour le cannabis, Sébastien Béguerie arbore fièrement autour de son cou un pendentif en tête de bœuf, en référence à sa marque Golden Buds. Il s’agit d’une une vraie golden bud californienne couverte d’or 24 carats, ornée d’un opal vert éthiopien, et façonnée par les mains de l’illustre Ras Boss. Pour lui, c’est le symbole de la concrétisation de sa marque, puisque la golden bud existe réellement.
Sur son poignet, il porte également une montre Seiko. Toujours aussi fasciné par le Japon, il a choisi cette marque parmi tant d’autres. Seiko est le symbole du temps au pays du soleil levant. Pour son 140ème anniversaire en 2021, la marque a sorti la gamme Présage Automatic, avec des montres automatiques autorégulées par le mouvement du poignet, permettant la maîtrise du temps. Sébastien, en avance sur son temps, a trouvé le bijoux qui lui correspond. D’ailleurs, derrière sa montre est dessiné un symbole asanoha, représenté par des feuilles de chanvre, synonyme de durabilité et de robustesse.
Toute une filière autour du cannabis
Sébastien Béguerie est convaincu de la réalité économique qui découle du cannabis. Il pense que le gouvernement devrait s’en emparer pour en faire une révolution industrielle. La fibre de chanvre possède mille et un usage. Elle est utilisée dans le textile, dans l’éco construction, dans le plastique, etc. Il s’agit aussi d’un super isolant, rencontré dans les habitacles des berlines allemandes. Un exemple plus proche, les pionniers de l’éco construction au chanvre se trouvent dans la région provençale. Ils ont inventé le pulvérisateur d’écorce de chanvre et de chaux pour l’isolation des façades des maisons. La plante a le pouvoir de limiter les déperditions thermiques. Ses fibres gardent au chaud l’hiver, et rafraîchissent en été. Plus encore, elles purifient l’air, sont ininflammables et anti-microbiennes.
Retour au bled pour expérimenter le chanvre CBD

À part la fibre de chanvre, la Provence est liée à une tradition autour de l’horticulture, en particulier les plantes aromatiques et médicinales. Sébastien veut remettre le chanvre au goût du jour en démontrant qu’il y a d’autres chemins à explorer. En 2013, il retourne chez lui, près de Garachon. Il veut planter du chanvre CBD dans le terroir. Pour se lancer, il contacte le responsable du pôle agronomie du parc régional du Lubéron. Avec l’aide des agriculteurs, il plante une nouvelle variété de chanvre. Celle-ci se distingue du chanvre textile qui pousse en hauteur. En effet, ce dernier a besoin de longues tiges pour en extraire un maximum de fibres. Afin de leur permettre de s’allonger, la densité de semi est très rapprochée. A contrario, pour obtenir de belles fleurs de chanvre CBD, la semi doit être espacée. Ainsi, la plante pousse en forme de buisson.
Une pépinière de chanvre en face de la gendarmerie
Un agriculteur bio de la région lui propose alors 5000 m² de terrain pour tenter l’expérience. Il consulte le catalogue de la FNPC-Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre, dans le but de s’assurer que ses semences soient légales. Il se penche sur une variété dioïque, c’est-à-dire, qui permet de distinguer les plants mâles des plants femelles. Pour produire des fleurs de CBD, il n’a besoin que des femelles. Il les fait donc pousser sur la moitié de la parcelle pendant la première année.
Pour cultiver la fleur de chanvre, Sébastien Béguerie sort du cadre de l’agriculture extensive.
Il se focalise plutôt sur un style pépinière en faisant lever les plants. C’est une meilleure alternative aux graines qui sont en concurrence avec les mauvaises herbes dans le sol.
Pour lever les pieds de chanvre, Sébastien rejoint une pépinière à Malemort. Celle-ci se trouve à proximité d’une école et de la gendarmerie nationale. Mais avec ses graines de chanvre légal et tous les papiers en règle, il se lance sans hésiter. Cela lui coûte une garde-à-vue pendant laquelle il tente d’expliquer le chanvre CBD, mais au lieu de ça tout le monde comprend cannabis thérapeutique. Malgré les malentendus, il réalise quand même une belle saison.
L’apparition des premiers produits au CBD en France
Il commence sa première récolte en 2013 et tente quelque chose de nouveau, qui n’existe pas encore en France. Il prend les fleurs de chanvre et les passe au tamis pour récupérer les trichomes, qu’il décarboxyle à 180°C dans un four artisanal. Ensuite, il fait le tri, sectionne les trichomes, et fabrique du haschich qu’il décarboxyle encore une fois, avant de le mettre dans de l’huile d’olive. C’est ainsi qu’il réussit à fabriquer de l’huile CBD.
Il se sert également des fleurs intactes, et les met dans des pochons d’infusion médicinale, pour obtenir des infusions de CBD.
Enfin, après avoir récupéré la trim de la manucure de CBD, il le décarboxyle également et l’envoie dans des capsules. À ce moment de l’histoire, Sébastien Béguerie devient le premier producteur de fleur de CBD, d’huile, d’infusion et de capsule de CBD en France.
La rencontre avec les tchèques

Avec ses produits, il rejoint le Spannabis, un salon consacré au cannabis à Barcelone. Pour tout le monde, le CBD était encore inconnu. Afin de le promouvoir, il utilise ses tests kits et organise une master cannabis cup. Les visiteurs testent leurs échantillons et s’initient en même temps au cannabidiol. Mais l’événement qui lui est le plus bénéfique est Cannafest, où il rencontre les tchèques, qui possèdent un laboratoire à Prague. Il savent comment extraire directement le CBD sans passer par la décarboxylation. Très vite, le courant passe entre eux et Sébastien devient leur producteur de chanvre depuis la Provence. En 2014, il remplit ses 5000m² de parcelle, et se tourne vers une variété plus traditionnelle: la fameuse carmagnole. Il crée alors une véritable forêt de sapins de noël dans la région. Comme le hasard fait si bien les choses, la route qui passe derrière la place de production s’appelle le chemin des canebiers. Petite anecdote, l’arrière-pays aixois cultivait le chanvre commercialisé au vieux port sur la cannebière.
Kanavape, première cigarette électronique CBD
Comme il a accès facilement au CBD pur grâce à sa collaboration avec les tchèques, Sébastien Béguerie reprend contact avec son ami de Seattle qui fait des cartouches pré remplies pour Openvape. Il lui propose d’ajouter du PG/GV dans le CBD, avec un complément de goût de cannabis qu’il obtient d’une amie. Cette dernière produit de l’huile essentielle de chanvre. C’est ainsi que Kanavape est née.
Nous sommes en 2014, et la première cigarette électronique cbd à goût de chanvre arrive sur le marché. Avec l’idée de révolutionner la planète, Sébastien et son ancien associé Antonin Cohen organisent une conférence de presse à Paris. Un ami dans le digital les met en relation avec une agence de presse.
Avant même que la conférence ne se tienne, son associé se fait interviewer par un journaliste de Vice. Comme il était plus sur le côté commercial, il avait voulu se mettre en avant en se lançant dans un argument comme quoi le CBD peut être une alternative saine au cannabis thérapeutique. La frontière entre les deux notions étant très mince, le champ lexical utilisé peut prêter à confusion.
E-joint ou pas: la polémique
La veille de la conférence de presse du 15 décembre 2014, un article paraît dans Vice, annonçant la sortie de l’e-joint du futur. Très vite, Kanavape crée un buzz énorme dans la presse nationale. Le jour J, toutes les caméras sont braquées sur les deux associés. Ils ne s’imaginent pas à quel point la situation va dégénérer. Mais sur le moment, ils assurent leur speech, présentent le produit et insistent sur les bienfaits relaxants et déstressants du CBD. Obligés d’assumer, ils tentent d’expliquer pourquoi Kanavape ne peut pas être considéré comme un e-joint. Le même jour, à l’Assemblée Nationale, Marisol Touraine, ministre de la santé à l’époque, rétorque :
“Je suis opposée à ce qu’un tel produit puisse être commercialisé en France, parce que cela constitue une incitation à la consommation de cannabis”.
C’est le début d’une série de condamnations pour Sébastien et son ami, avec 7 chefs d’inculpation! Une alliée inattendue va se présenter pour les aider dans leurs difficultés. Faits à suivre.
Cet épisode raconte le parcours d’un jeune scientifique et entrepreneur qui veut changer les mentalités autour du cannabis. Il se sert d’un outil révolutionnaire, la Kanavape, avec lequel il pense pouvoir y arriver. Mais à peine sorti de son champ de chanvre, Sébastien Béguerie se retrouve dans le Babylone des rastafariens. Restez connectés sur Parlons Canna pour la suite de son épopée en 5 épisodes.